Ultra Di Corsica 2016



L'ultra Di Corsica constitue ma seconde épreuve du Challenge national des ultratrails après le Gr 6666.

Le challenge commencé en avril comporte 8 étapes, le classement est opéré dès la première participation et les 3 meilleurs résultats sont pris en compte.

La difficulté consiste à supporter l'enchainement des ultra, pour cela certains participent à un ultra sur 2, j'ai choisi d'enchainer 3 ultra juin, juillet et aout pour profiter des points supplémentaires donnés sur le GR 6666 (juin) et sur l'Echappée Belle (aout). C'est surtout l'occasion de refaire deux beaux ultras, en Corse et en Belledonne.

Le problème reste donc de supporter la charge et en voulant obtenir 3 résultats, je n'ai pas le droit de me planter, faut franchir les lignes d'arrivées…

Après le Gr 6666, où à la fois, j'ai trouvé la course rapide, eu le sentiment de ne pas être à 100% à cause d'un adducteur (droit) et sans connaître l'ensemble de parcours j'ai senti que j'en gardais sous le pied, peut être que 2 places devant moi étaient jouables mais pas plus.

Pour la Corse, mon objectif initial est de bien courir, propre (sans en chier avec une blessure) et si possible faire aussi bien qu'en 2014 (7ème en 21h25).


UTC J-1 :

L'arrivée en Corse se passe mieux qu'en 2015 (fuite d'huile voiture), débarquement à Bastia vers 20h, le soir même on campe à Corte. Le jeudi dernier préparatif, récupération dossard et sieste (histoire d'être un peu plus frais).

Le départ étant à 23h30, c'est inhabituel mais ici c'est nécessaire pour pouvoir être en altitude le plus vite possible avant les grosses chaleurs de l'après-midi.

Plus que des mots (maux), la vidéo :


Départ – Calacuccia :

Céline et Tiago m'accompagnent au départ, on a la banane, il fait chaud, les coureurs arrivent, je discute un peu avec Jean Claude Mathieu (4ème TOR 2015). Je me sens assez bien et ne réalise pas d'échauffement digne de ce nom, sans doute une première erreur…

Ballone avec Nicolas cherchez celui qui est cuit
Le départ est donné à 23h28, je suis bien placé et fais le malin d'entrée de jeu pour voir les premiers, puis en totale inconscience dans l'avenue principale de Corte, je décide de prendre la tête de la course, c'est sympa un sprint dans les rues…dès les premiers escaliers, j'explose et reprend un rythme normal et vois la tête de course me déposer.

Dans la montée de Padule, je ne suis pas dans le bon tempo, trop vite, trop fort, on me dépasse sans arrêt, les têtes de séries me doublent sans possibilité de les suivre…



Malgré des sensations médiocres, je suis dans me prév à 1min près, 1h25 pour atteindre les bergeries de Padule (6,3km 1215md+, 19ème), je prends 500ml de flotte.

Entre Padule et Boniacce, je double 2 coureurs avant le col de Canaghia, après la descente un peu pénible, on prend pied sur une piste où il faut maintenir un minimum de rythme pour ne pas décrocher, devant moi un coureur me décroche et je le rejoints au ravito de Boniacce (13,5km 1502md+, 1h48 16ème). Je prends 1,5litre d'eau et décide donc de ne pas remplir au refuge de Sega.

Un peu plus à mon aise, je ne force pas trop tout en essayant de limiter les sections marchées après le refuge de Sega (16,3km), où je croise deux bénévoles, le sentiment de commencer la nuit me prend (2h10 du matin), moins de coureurs devant moi.

Au loin un feu, des encouragements et quelques feux d'artifices m'incitent à relancer dans la montée à Pinadellu (20,4km 1790md+, 3h23 14ème). Je demande pour la première fois mon classement qui me fait bien plaisirs.

J'entame une section inconnue de nuit jusqu'au col de Cappizollu (25,1km). Ma frontale commence à faiblir et je commence à me relâcher et ai du mal à lutter contre une sensation de vertige, peut être que je m'endors … cet état second me déconcentre et au 22ème km je me tords la cheville gauche, la douleur est vive sur le coup, il me faut quelques pas pour arriver à nouveau à trottiner.

Les sensations se dégradent à nouveau, en montée mes ischio internes gauche commencent à se durcirent et une gêne sur la patte d'oie (genou interne gauche) s'installe, je dois composer et ralentir ou raccourcir ma foulée, je décide de remplacer ma frontale au col de Cappizollu où je double un coureur. Les yeux des vaches brillent la nuit, un léger vent de nord me rafraichi la tronche qui n'est pas vraiment fraiche…(3h59 de course).

En 13ème position, j'entame enfin une nouvelle vallée avec une descente dans les bois sur les épines de pins, mes poursuivants auront du mal à me repérer ce qui n'est pas plus mal…

A l'approche de Casamaccioli, je me souviens du jardinage réalisé en 2014, perdu dans les rues j'avais fini par prendre le parcours en sens inverse. Sur mes gardes, je reste vigilant sur le marquage jusqu'aux premières maisons, on m'indique la direction à suivre, les petites flèches au sol me confortent sur le cap à suivre et soudain c'est le drame…plus de flèche, plus de rubalise, un chemin qui ressemble à celui de 2014 et un bug cérébral me font m'acharner dans la mauvaise direction, je me suis perdu encore une fois dans le même village… j'enrage et fais demi tour mais jamais suffisamment pour repartir 2 autres fois dans la mauvaise direction, j'observe les frontales des coureurs qui semblent monter, puis descendre une montagne, quel merdier…je fini par retrouver un groupe et on retrouve à plusieurs la bonne trace…

Après 1h sans eau, j'arrive à Calaccucia (normalement 32,5km 2090md+) après 5h24 de course, mon gps m'indique 3km de jardinage, je ne suis plus dans mes prév (24min de perdu). Au pointage en regardant la feuille, je crois être 7ème (pensant que tout le monde c'est planté) je déchante quand on m'annonce 22ème … coup de massue sur la tête, comment gérer une telle perte de temps.

Calaccucia – Vergio :

Je repars dégouté avec 2 litres d'eau (c'est trop), un peu trop chargé, mal à l'aise avec cette jambe gauche qui devient pénible, je m'aperçois que mon tableau de marche est resté avec les déchets du ravito… au top de ma forme donc, je finis par enlever ma frontale au petit jour, la course commence maintenant, soit je lâche tout, soit je fais au mieux pour revenir.

Ne sachant plus trop quoi faire, je dois d'abord composer avec ma jambe gauche au moins je peux marcher fort dans les coups de culs, pour le reste c'est moyen. Malgré tout, les autres n'avancent pas tellement mieux que moi, il y a même un coureur qui abandonne. Alors, je vise le refuge de l'Ecru et me dis qu'il n'y aura sans doute plus d'eau à Crucetta pour moi. Je peux remplir au refuge de l'Ecru 500ml avec déjà 500ml de secours dans le sac, je dois pouvoir tenir jusqu'à Ballone, devant moi, les coureurs ne sont pas tous en forme, j'en profite pour tenter une bonne remontée jusqu'à Crucetta, au col je retrouve Nicolas Desbos (croisé à Casamaccioli) il est en forme, l'autre coureur l'est moins (Florent Morin dossard 5, il abandonnera à Vergio).

Crucetta
Ce col est le premier crux de cet ultra, splendide au pied du Cinto, c'est une des motivations principales pour faire cette course, endroit magnifique, minéral et jonction avec le GR 20.

Dans la descente de Ballone, Nicolas est plus véloce, je ne peux pas le suivre, les premiers randonneurs croisés nous encouragent, il s'agit de ne pas perdre la trace, c'est plus facile qu'en 2014 car cette descente est devenue la nouvelle variante du Gr 20 depuis le drame du cirque de la Solitude.

A Ballone (47km 3728md+ 8h57, 15ème), Nicolas demande la suite du programme, j'ai du mal à le reconnaître avec sa casquette, un coureur nous rejoint, ce n'est pas Florent Morin. Un peu de soupe de pâte et 2 litres d'eau, je repars 5min après Nicolas (je ne le reverrai plus). La chaleur commence à se faire sentir dans la montée du col de Foggiale (51,9km), les randonneurs du Gr20 ne font pas tous envie, beaucoup souffrent et ont de multiples bandages.

Entre Calaccucia et Ballone, je réalise le 8ème temps (3h33). Pas trop mal vu mes sensations.

Le col est libérateur, au loin une très belle arche nous domine, un coureur avance péniblement en montée sans baton mais est plus rapide que moi en descente, au refuge de Ciottuli di i Mori, les bénévoles toujours attentionnés m'indiquent le point d'eau, je prends le temps de prendre 1,5litres et me rafraichi la tête (52,8km 4413md+ 10h23, 14ème). Dans la descente, comme c'est le cas depuis le début, je n'arrive pas à me lâcher.

Toujours plus de randonneurs à l'approche de Vergio, je profite un maximum des ruisseaux pour me rafraichir, la chaleur commence à devenir pesante, peu avant Vergio, je double deux coureurs dont l'un d'eux rempli sa gourde avec les ruisseaux.

Col de Vergio atteint après 11h41 (prévision : 11h19) de course, 60km 4500md+, 11ème . Bien content de pouvoir profiter de l'ombre de la tente, je retrouve mon sac suiveur, prends 1,5litres, change de chaussures. Je n'ai toujours digéré mon erreur de parcours et j'enrage d'avoir la jambe gauche pénible à gérer.

Col de Vergio – Grutelle :

Je repars après un belge et deux coureurs. Le Belge a disparu et les deux autres sont rapidement doublés, l'un d'eux connaît bien le terrain et profite de toutes les bonnes coupes de sentiers, malgré leurs efforts, j'arrive à Ninu avec une bonne avance. Les sensations ont été correctes depuis Vergio, je gère mieux ma course. (70,5km 5080md+ 13h28, 10ème).

A Ninu, on m'indique l'avance du Belge, qui me paraît difficilement prenable. Nicolas et lui avancent forts et je fais au mieux pour essayer de les rattraper.

Ninu
En chemin pour le col d'Acqua Ciarnente (76km), j'aperçois au loin des coureurs ou des randonneurs, ils ont une bonne avance, je commence à relâcher mon allure et attends la montée de Bocca a le Porte (80km), avant dernière montée difficile et second crux de cette course, très joli, aérien et minéral, âpre et sec.

Dans cette montée, il me semble apercevoir 2 coureurs, difficile à savoir, je prends en tout cas un bon coup de chaud, c'est seulement à 100m du col que je suis certain d'avoir un coureur devant moi.

Je rencontre un randonneur qui repart sur le parcours de la course, je n'arrive pas à le suivre, il accompagne le coureur qui me précède. Je ne suis pas assez rapide en descente durant cette course et ne peux pas accélérer mais je sais que lui devant n'avance plus en montée, alors j'attends mon heure…

Au col de Soglia (82km 5778md+, 15h54, 10ème ), je refais le plein et mange avec des bénévoles très sympas, j'appréhende la suite du parcours jusqu'à Grutelle. Entre Ninu et Soglia je mets 2h25 (2nd chrono, surprenant mais insuffisant, pour rattraper tout le temps perdu et compenser les descentes).

Le chemin est très technique sur des dalles, des blocs, pentu traverse des torrents, c'est heureusement très joli, ma jambe gauche n'apprécie guère le contenu du menu, le frein à main serré, ça devient compliqué d'être efficace en descente avec deux coureurs un peu trop loin devant et un lent pas si lent…c'est moi qui suis lent ici.

Grutelle – Arrivée :

J'arrive enfin à Grutelle en 16h52, 10ème je mange bien, les bénévoles s'occupent bien de m'aider, le coureur aperçu à Bocca a le Porte est allongé, je le salut, il souffre des pieds. On m'indique que le Belge est en forme et a 15 min d'avance…

Bon étant donné mon état, je me décide de garder ma 9ème place et pour faire mieux, il faudra que ça fissure devant car désormais, je ne pense pas pouvoir relancer plus.

Le chemin pour accéder au pied de la dernière montée est toujours aussi éprouvant, personne devant moi, j'attends et laisse défiler les kilomètres en marche-course pour atteindre la dernière difficulté, la montée au plateau d'Alzu.

Dans cette montée, j'aperçois un coureur pas loin mais impossible de le rattraper, on avance à la même vitesse.

L'arrivée aux bergeries de Capellaccia est un soulagement, changement vallée, la dernière descente est devant moi. 2 enfants m'encouragent me donnent de l'eau. Je repars vite vers le dernier ravito d'Alzu. Je discute une dernière fois avec les bénévoles qui me disent que le Belge est en forme, je repars un peu dépité avec des douleurs intestinales (trop bu d'eau et trop mangé). Mes dents me font mal comme au TOR.

La descente tant redoutée, sûrement plus compliquée que la dernière montée, n'épargne ni les pieds ni les quadri, faut tenir et être patient, je rate le dernier point d'eau, je pensais voir une table avec des bénévoles (comme en 2014), il s'agit juste d'une source à un mur…dommage les 5 derniers kilomètres à gérer le peu d'eau qui me reste sont pénibles, heureusement juste avant Corte il y en a une dernière.

Je fini par franchir la ligne (111,7km 6735md+ 21h25 comme en 2014) avec Tiago, Céline pas loin est là pour récupérer ma carcasse. 9ème avec un goût de peux mieux faire… à refaire peut être ?...sûrement !

Juste à l'arrivée, les deux MC me posent un tas de questions et m'invitent pour le GRP pour me montrer la montagne de chez eux, bien cool, j'attends de voir ça.

Place à la récupération (tendinite confirmée quelques jours après par médecin et kiné), place à Belledonne désormais, ça va être chaud pour tenir.

Quelques jours après, en plein doute sur mes capacités à finir l'Echappée Belle avec un gros risque de déclencher une tendinite à la patte d'oie, je reçois un mail du TOR pour m'annoncer ma sélection, 4 jours pour confirmer...finalement je laisse tomber le TOR pour cette année, 2 semaines après l'Echappée Belle ça aurait été très compliqué... et le TOR ne peut être que le seul objectif sur une année, pas un décrassage après Belledonne (je ne suis pas Oscar P.).

Me reste donc l'UMNT, pour le moment ce second résultat me permet de rentrer dans les 10 premiers au classement général provisoire. L'Echappée Belle, seconde course Master (plus de points) va éclaircir le classement, il est peu probable que je reste dans les 10, si à la fin de l'année je suis encore dans les 15 premiers je serais bien content. Mon objectif initial est modeste : finir dans les 15 premiers V1 de l'UMNT.

(merci au partage de photos par le page Facebook de la Restonica).



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