Echappée Belle 2016 (voyage aux pays des cailloux)

Seconde participation à l'Echappée Belle après la 1ere édition de 2013. Je redoute ce parcours car j'avais fini entre les Férices et Aiguebelle avec une tendinite aux releveurs du pied gauche. La douleur avait été particulièrement intense, pendant 35km j'avais vraiment morflé…

C'est donc en redoutant la même tendinite, que j'aborde cette nouvelle édition avec l'espoir de ne pas l'avoir et de profiter du nouveau tracé pour être plus rapide, je vise 33h contre 35h14 en 2013. Mais si je fais 34h, ça me va très bien aussi.

L'équation est compliquée car j'ai fini l'Ultra Di Corsica avec une inflammation des tendons à la patte d'oie de la jambe Gauche, qui a été pénible à gérer durant tout l'été, elle revenait régulièrement sur les sorties dès 3h de course, sans créer de douleur insupportable mais une gêne qui m'a obligé à ralentir dans les descentes.

Pour compléter le tableau, 1 semaine avant la course, une radio révèle que je penche à gauche (9mm d'écart au niveau du bassin), postural ou jambe plus courte, c'est assez pour porter des semelles, Laurent me rassure il penche de l'autre côté avec la même amplitude…de toute façon trop tard pour s'adapter. Un essai d'une journée me donnant la sensation de marcher sur un trottoir à gauche, je suis les conseils de tout le monde : pas de semelle ortho. J'y vais en mode B² (bossu-boiteux).

En tout cas, voilà une explication aux blessures de la jambe gauche : tendinite voute plantaire (2012), releveur (2013-2014) et patte d'oie (2016).

A part ça, grosse fatigue depuis fin juillet qui tend à s'estomper 1 semaine avant la course, enfin des sensations qui reviennent, ça faisait longtemps (2 mois à me trainer avec un moral au plus bas).

Au moins je connais assez bien le parcours, excepté la fin depuis le Col du Champet en gros 20km un peu flou pour moi.

Contrairement à 2013, j'ai bien trainé mes chaussures sur la montée "Vizille - l'Arselle", histoire d'améliorer mon temps sur cette partie et ne pas me prendre la misère d'entrée de jeu.

Avec Céline qui m'a bien boosté, on a préparé aux petits oignons l'ensemble des ravitos histoire de ne pas à avoir à cogiter sur place. Elle assurera les ravitos : Arselle, Habert Aiguebelle, Pleynet, Gleysin, Super Collet, Val Pelouse et Pontet, me reste à gérer, La Pra, Jean Collet, Périoule et trouver si besoin des points d'eaux sur les Chalets.

Je suis anormalement détendu avec la course, je dors bien ce qui est presque inquiétant, bon heureusement la dernière nuit je commence à bien cogiter histoire d'être en dette de sommeil avant le départ, sinon c'est trop simple !

Céline est au taquet, super au point, la course va se jouer à deux, sans elle, ce n'est même pas la peine d'espérer carburer.


Vizille – Arselle : 16,5km 1488md+


4h30 le réveil sonne même pas, on est déjà réveillé, pas trop besoin de parler, chacun se prépare, pas de perte de temps, la flippe commence à m'envahir, vais-je aller au bout, j'ai encore des doutes, la canicule est annoncée.

5h45 on arrive sur le départ à Vizille, je trace au pointage, discute avec un Corse qui n'est pas très rassuré, Florent fait une dernière intervention au micro et se replace loin dans la masse, je ne peux plus le repérer pour le saluer.

6h04 le départ est donné, on est parti, fait déjà chaud, ça va moins vite qu'en 2013, du coup, je me décide à partir seul devant et sortir en premier du parc, pour retrouver Céline une dernière fois avant la montée à l'Arselle.

Chacun prend son rythme dans la montée, je fais sans trop mollir ni trop forcer, les premiers sont déjà loin devant, quand j'atteints Mont Jean où je salue le couple de vieux qui nous regarde passer, je prends de l'eau à la fontaine et file tout content vers Mont Sec, les signaleurs signalent, tout va bien.

Lac David
La montée à Mont Sec me permet de rattraper Fabrice d'Aletto et Matthieu Craff (respectivement 1er et 2nd de challenge UMNT), on discute bien, je les taquine un peu en montée, ils sont plus rapides que moi donc ils me redoublent facilement, bref, ça roule bien, je leur parle un peu du parcours.

A l'Arselle, je passe 20ème un peu avant eux en 2h10 (2h20 de prévu), 16min de mieux qu'en 2013.

Céline me turbine un ravito xpress et je repars pour 7h jusqu'au habert d'Aiguebelle notre prochain point de rencontre.

Je ne demande pas mon classement, pour le moment j'essaie de tenir mes prév' et reste en observation de mes temps de passage, pour la place on verra plus tard.


Arselle – refuge de La Pra : 27,7km 2102md+


au dessus de La Pra
Le cheminement vers La Pra est devenu familier, je rattrape quelques coureurs dans la montée au lac David dont Olivier Morin qui est assez tenace et me suit bien.







sous Doménon
Arrivé à La Pra, sur la réserve, mon inflammation à la patte d'oie commence à faire des siennes, je ralenti en descente pour éviter que ça ne se dégrade, en montée pas de soucis.

Super accueil des bénévoles qui font le max pour remplir mes bouteilles.

4h12 de course, 2h01 pour cette étape (2h de prévu) 16ème .






La Pra – Refuge de Jean Collet : 38,4km (3268md+)



Col de freydane


Doménon

Doménon

sous la croix de Belledonne

Lac blanc



Samuel (2ème au classement duo) repart juste devant moi, on va se relancer jusqu'au Pleynet, je le double avant la dernière montée à la Croix de Belledonne et c'est le duo D'Aletto – Craff qui me double dans cette montée, ils semblent apprécier le caillou Belledonnien qui leur semble plus facile qu'en Corse, "ce n'est que l'apéro les gars !".

Devant nous, il y a deux espagnols, Pablo Criado Toca (6ème TOR 2015) et Pépélu Ballester, je dis à Fabrice et Matthieu qu'ils peuvent les rattraper, moi je suis plus lent dans cette montée, un peu au ralenti, j'appréhende la descente par rapport à ma patte d'oie.

Je bascule dans la descente, croise quelques coureurs dont un japonais, puis le nouveau chemin travers à flan vers le col de Freydane, c'est mieux qu'en 2013 (34,3km 5h49, 16min d'avance sur les prévisions).

Les pointeurs m'y pointent et m'incitent à la prudence, pas de soucis, la moraine est mythique, une descente très jolie et très raide dans un terrain bien comme il faut.

Rochers rouge
Au lac Blanc je compte 7min de retard sur les deux espagnols, le duo D'Aletto-Craff est passé devant, j'arrive au refuge de Jean Collet 1min derrière Romain Olivier qui vient juste de me doubler, je lui dit de ne pas aller trop vite, il ne comprend pas (il est 9ème au challenge UMNT je suis le 10ème) …

Au refuge, Nicolas Moyroud m'explique son abandon à l'UT4M, problème de ménisque et me montre là où il a commencé à avoir mal,…c'est la même zone que moi…"heu et si j'avais moi aussi le même problème",

6h36 de course (6h50 de prévu), 17ème .


Refuge Jean Collet – Habert d'Aiguebelle : 47,1km 3991md+

Je repars complètement démoralisé à broyer du noir, à remettre en question l'ultra, à me dire que je préfère abandonner que de ne plus pouvoir faire de snow ou de la rando… gros passage à vide, j'avance sans conviction vers le habert d'Aiguebelle, prêt à tout laisser tomber…

refuge Jean Collet
Samuel est dans les parages, on se suit et on finit par rester ensemble après avoir la descente de la Brèche Fendue où un tchèque est cuit et signifie son abandon, il fait chaud. Au Pas de la Coche, Samuel file loin devant, je suis plus lent en descente, trop peur maintenant pour mes genoux…

Au habert d'Aiguebelle, revoir Céline me redonne le moral, je lui dis que je n'irai pas à l'ultra du Sud de la France (octobre, 165km), pas certain qu'elle me croit, parole de traileur, parole d'al---lique…en attendant, elle m'a remonté le moral, je suis dans un bon tempo malgré ce que j'en pense, les jambes tournent bien.

8h53 de course (9h20 de prévu), 15ème .


Habert d'Aiguebelle – Pleynet : 63,4km 5500md+

Habert d'Aiguebelle

J'attaque l'Aigleton, un peu mieux, après tout, cette gêne à la patte d'oie ce n'est pas encore de la douleur et tant que ça reste une sensation "bizarre" je décide de poursuivre.

Samuel me rattrape dans l'Aigleton, on attaque ensemble le col de La Vache, Pablo et Pépélu en ligne de mire, je suis surmotivé et relance Samuel, dans ma tête (on va les rattraper !).

Je revois après le départ, Dominique Jacquemet qui descend le col dans notre direction, il me dit que ème et que je n'ai qu'à garder mon allure.
je suis 15

On passe le col de la Vache, les deux espagnols sont loin, trop loin pour que je puisse espérer les rattraper. Mon rythme en descente est plus tranquille.

On se retrouve avec Samuel au niveau des Lacs puis dans la dernière bosse avant le Pleynet, on






Col de la Vache



bascule ensemble sur la station en ayant rattrapé Pépélu qui s'est arrêté à un petit ruisseau.

Samuel me laisse au Pleynet, il a fini son relais en 2nde position des duos, son pote finira le boulot proprement pour garder cette bonne place.

12h42 de course (12h20 de prévu) 14ème . Arrêt base de vie : 11min (20min de prévu).

Au Pleynet, Céline me regonfle le moral. Autour de moi, il y a du dégât, Lionel Trivel vient d'abandonner, Matthieu Craff est un peu agare, il est tombé en s'endormant durant la course.


Pleynet – Gleyzin : 78,6km (6500md+)

Fabrice est déjà reparti. Pablo Criado Toca demande à Pépélu ce qu'il a et repart sans lui, je le suit cette fois-ci le moral est meilleur, toujours pas de douleur insupportable, tout juste la même gène, même principe, économie en descente et taquet en montée.

Matthieu s'étant levé avant moi du "banc où l'on se goinfre", je l'imagine devant Pablo, ça me fait deux coureurs à rattraper…

Au Cley, toujours personne, t'ain ils avancent bien, bon heureusement à partir de ce point, ça grimpe jusqu'au premier chalet des Valloires, c'est incourable à nos niveaux de fatigue, la marche nordique inclinée s'impose comme la seule technique.

A ce jeu là Pablo semble moins bon, je le revois, il est désordonné dans ses gestes, bref, il coince, je le double et l'encourage, en sortant de la forêt où j'avais rencontré Mickaël en 2013, il n'est plus en vue (il se réserve peut être pour le TOR dans 2 semaines).

Devant les bénévoles m'encouragent, je les rejoins, il ne fait pas froid, comme un regain de vitalité en buvant un petit café servi par les bucherons du coin, dans la fontaine, quelques bouteilles refroidissent, je me contente de l'eau.

depuis Grand Rocher  
A côté, je suis surpris de voir Fabrice d'Aletto, qui ne peut plus s'alimenter, ni boire depuis le Pleynet. Un secouriste l'interroge, je lui conseille de continuer jusqu'au Gleyzin. Il me dit que Matthieu n'est pas devant…(Matthieu parti après moi, abandonnera au Gleyzin).

Faudra bien que Fabrice et Matthieu reviennent cocher l'Echappée Belle et visiter le Moretan, ils pourront ainsi mieux comparer par rapport à la Corse et se faire un avis.

Le bucheron qui me sert ce petit café du soir avec une petite barre de céréale, me dit que je suis 9ème et qu'il y a 2 coureurs bien entamés devant… effet booste garanti, très bon pour le moral, y a plus qu'à repartir tranquille jusqu'au chalet du Léat puis descendre au Gleyzin.

Ma frontale est allumée au même endroit qu'en 2013, je suis à peu près dans les mêmes temps de passage, sauf que le parcours est plus difficile avec du rabe (Aigleton et Pleynet), toujours aussi prudent en descente, au loin je vois le Pleynet illuminé, la silhouette des sommets Belledonniens, le ciel étoilé, quelle magie cette nuit commence bien, rien à jeter tout est beau, technique, rugueux par moment mais beau.

J'arrive au Gleyzin en croisant un coureur qui sort du ravito, il m'encourage, je ne le connais pas, première fois que je le vois mais je le reverrai bientôt allongé sur un banc…

15h59 (15h50 de prévu). 8ème .

Au ravito, accueil chaleureux, bon humeur, bonne ambiance avec les bénévoles et autres accompagnateurs. Céline assure plus que bien, pour le moment on réussit notre course. Ca ne pinaille pas, les autres coureurs arrivent déjà, Olivier Morin, Joris (1er de la traversée Nord de Belledonne en 2014) et Pablo. Preuve que je me traîne en descente.

Je merde un peu sur la flotte avec Céline, manque de lucidité, 500ml de trop de trimbalé alors que ce n'était pas prévu, je m'entête avec l'idée de prendre 1 litre, ce qui n'est pas nécessaire pour rejoindre le refuge de l'Oule.


Gleyzin – Super Collet : 97,6km 8600md+

Col Moretan
En montant vers le ravito, on regrimpe en altitude dans une de mes parties favorites, suivi à 10min par Olivier et son pacer qui va l'accompagner durant la nuit, leurs frontales puissantes éclairent fort.

De mon côté, je reste en mode économique, juste ce qu'il faut pour voir où poser les pieds sans s'endormir, seule la musique m'accompagne, les morceaux à juju savent réveiller les zombies…




Devant, une frontale au faisceau puissant fait des allers et retours, tel une phare Breton à l'entrée d'un port, je suppose qu'un bénévole nous surveille, puis le phare s'éteint, il a dû partir…

Je continue de monter et sous le refuge à 100m, allongé dans l'herbe un zombie-traileur-cramé-complet, je ne le réveille pas et averti plus haut le bénévole qui descend le voir, ils ont déjà été prévenus.

Sur un banc, allongé et endormi, Steeve Dobert (1er jusqu'au habert d'Aiguebelle, puis 2nd au Pleynet, encore 5ème au Gleyzin, il finira 25ème en 39h06).

Moretan
Le bucheron avait raison, les voilà les "2 pas en forme" de doublé…

Je fini par passer le fameux Moretan en 6ème position, le groupe de bénévole est au top avec le coup de corne qui réveille bien et là on est bien sur ce col, il est 00h24 samedi, pas réussi à le passer dans la journée de vendredi. 18h20 de course (pile dans mes prév').

La descente est très sécurisée par rapport à 2013, c'est pullman, au moins 500m de cordes fixes, pas suffisant, Olivier Morin et son pacer me doubent, ils ont les jambes en descente, je suis moins speed, pô grave, la route est longue.

Au ravito des Périoules, stand 4 étoiles, pfff et bien, si on devait éditer un guide michelin des ultras, je pourrais dire que là c'est grand confort par rapport à 2013, toujours aussi bien accueilli dans la nuit, Joris m'a lui aussi doublé juste avant le ravito, il a du mal à s'alimenter.

Je discute donc avec tout ce beau monde et les interrogent sur Pablo Criado Toca qui ne devrait pas tarder, on repart quand les bénévoles aperçoivent sa frontale. Il est 1h22, prochaine étape Super Collet, via un nouveau tracé.

Olivier et son pacer son loin devant, Joris n'est pas en vue quand j'entame la nouvelle montée.

Je commence à être moins efficace en montée, la fatigue et la somnolence me ralentissent, je n'ai pas bien étudié cette partie jusqu'au refuge de la Pierre Carré, "combien de dénivelé ?", c'est long et pénible mais ça fini par basculer, une frontale m'a rattrapée, je ne sais pas qui c'est, j'imagine Pablo Criado Toca au râle émis, bouhouou, pas le moment de faiblir, il est au taquet l'animal !

On bascule à 50m d'écart sur le refuge de la Pierre Carré, il y fait un arrêt, je poursuis vers Super Collet, je reconnais le chemin, dernier petit col avant d'apercevoir le ravito éclairé par de gros
halogènes, il ne me rattrape pas, ouf, j'allonge la foulée sur la prairie, plus que 300m, changement de



direction sur une piste, 2 petits drapeaux puis plus rien, ok je trace par la prairie du bas direct sur le ravito et plouf plouf et replouf de chez plouf,…argggggg les chaussures sont remplies d'eau après 97km, c'est pas bon du tout !!

Au ravito, Céline me dit que je tourne bien, me propose de changer mes chaussettes, je refuse car je crains que cela n'arrache les compeeds, pensant que cela allait sécher. A côté Olivier est mal il a envie de vomir, les bénévoles assurent le service parfait, repas chaud et café. Pablo arrive et non… c'est Joris, voilà j'ai un peu déliré.

21h42 de course (22h de prévu). 7ème .

Veyton

Super Collet – Val Pelouse : 114km 10200md+

Refuge Clarans

Férices








Je repars avec le même short même pas froid, il est 3h46, dans quelques heures il fera jour et de nouveau le soleil devrait me réchauffer un peu plus et surtout me réveiller.
Bens

Olivier et son pacer ne tardent pas à me poursuivre, gros tirage de bourre avec Olivier depuis le lac David (26,3km). Plus de 70km qu'il s'accroche.

Dans la bascule vers le refuge Claran, je reste à leur portée ma frontale trahie ma présence, c'est plus tortueux jusqu'au torrent, ils ne peuvent plus me voir dans la foret, quelle bataille ! Je passe en mode combat.

Nouveau pointage au chalet nouveau, je file rapidement car j'aperçois les deux frontales qui descendent mon avance est minime 5min à peine ?

Au chalet des Férices (106,5km, 24h17 de course pour 24h30 de prévu), je refais le plein grâce aux bénévoles, toujours dans la bonne humeur, le jour commence à se lever, suffisamment pour éteindre ma frontale et ainsi disparaître des radars de mes deux poursuivants.

Ce chemin est celui fait le dernier dimanche avec Céline, je le connais bien, dans chaque passage de col j'essaie de disparaître du champ de vision d'Olivier qui a fini par réduire mon avance, je résiste jusqu'à Val Pelouse.

Cette fois-ci je ne suis bien mieux qu'en 2013, où mon père et Eric m'avaient retrouvé en miette complétement défoncé par la douleur de la tendinite des releveurs. Soulagé pour la suite, j'efface ici un mauvais souvenir.

Avec Céline on speed grave, le ravito est vraiment xpress, je suis toujours 6ème et repars quand Olivier arrive.

26h08 (26h45 de prévu).


Val Pelouse – Le Pontet : 131km 11100md+

en allant à Val Pelouse
Sur les crêtes j'aperçois des randonneurs, derrière Olivier est loin à au moins 10min.

Dans la descente vers les sources de Gargoton (118km), les ampoules aux deux talons qui ont commencé en descendant les cols avant Val Pelouse, deviennent vite pénibles, je sais que la fin sera maintenant difficile à supporter, reste 25km à serrer les dents, pas question de lâcher, les pieds en feu, j'avance au mieux.

Jusqu'au sommet du Grand Chat (122km) je peux m'en sortir correctement, Olivier n'est pas en vue et devant, le 5ème n'a que 7 min de marche, d'avance (un photographe m'a confirmé qu'il s'agissait d'un solo), ce n'est rien, il nous reste 22km.

Mais voilà, mes pieds me font trop souffrir, la descente devient terrible, au col du Champet (124km) je sais que je ne pourrais pas rattraper le 5ème et que la 6ème place va être très compliquée à garder. Le Jabby n'a pas pu venir mais sa présence se fait sentir, l'animal a laissé des traces de pneus par ici.

Dans la descente vers le Pontet, ça dégénère, les ampoules éclatent aux deux talons alors là c'est sûr j'ai un appui moderne "avant du pied" si cher aux spécialistes, la voute plantaire droite participe au feu d'artifice avec une belle surface de frottement qui décolle la peau, les petits doigts de pied, malgré leur protection, décident de rajouter de petits picotements d'aiguilles, c'est laborieux…

Dans cette laboure, les sentiers sont raides et entrecoupés de pistes plus douces, je me traine mes pieds ne supportent plus le moindre caillou, Olivier ne tarde pas à arriver, je peux quand même le rattraper avant le dernier ravito (131km) de la Grange, je lui propose de finir ensemble.

Avec Céline on assure ce dernier ravito dans une chaleur déjà pénible, 11h31 samedi.

29h27 de course (30h25 de prévu).


Le Pontet – Aiguebelle : 144km 11600md+

Olivier quitte le ravito après moi et me rejoint facilement, il a bien géré et est plus frais, il compte finir en 2h, les 13km qui nous reste, c'est plus rapide que le 1er de 2015, je mise sur 2h30.

sous Aigleton

La fin reste mine de rien assez difficile, moins qu'en 2013 mais quand même ça grimpe encore pas mal (500md+) droit dans la pente, dans la descente finale je ne peux pas suivre Olivier parti devant, il aura eu le temps de me dire que l'on avait 25min d'avance sur le 8ème .

La course est donc stabilisée, je n'ai plus qu'à supporter mes ampoules et la chaleur, un dernier point d'eau improvisée par une habitante-bénévole me sauve la mise, j'avais déconné en refusant les 500ml que Céline devait me mettre dans le sac au précédent ravito.

Aiguebelle, enfin, la ligne est franchie avec soulagement et joie intérieure, satisfait, je peux sonner cette fameuse cloche qui n'était pas là en 2013 … 31h35 contre 35h14 en 2013, y a du mieux !

Olivier est passé 4min avant moi et le 5ème Romain il y a plus de 30min, j'ai donc bien ramassé sur cette section.

7ème, place inespérée vu le niveau au départ, devant ils ont pris plus de risque et ont fissuré avant moi. D'après ma cote Itra je devrais être 25ème …comme quoi, les chiffres ça ne fait pas tout, même si mon temps correspond à ma cotation, preuve aussi que les autres ont fait une contre-performance, je suis juste à mon niveau. Avec une moindre chaleur je n'aurai pas été aussi bien classé, c'est le jeu.

L'accès à la douche me semble interminable, le corps se raidit, mes ampoules deviennent insupportables, une chaussette pleine de sang, l'eau enlève la terre collée, le sel, le sang. Changement d'habit, changement de journée, place au retour et à une vie normale, celle d'en bas, ma tête est restée quelque part là-haut, elle reviendra plus tard.

Ca reste ma meilleure course en terme de gestion, si je devais tenter d'améliorer mon temps, ce sont les descentes qu'il me faudrait attaquer comme à l'UT4m90 de 2015, où j'étais capable d'allumer fort. J'ai donc peut être une petite marge de progression mais risquée.

Je peux regarder sereinement Belledonne, y retourner visiter le jardin et discuter avec les cailloux.

Cet ultra est un peu un voyage au pays de mes souvenirs de randonnées, cette nouvelle participation laissera de nouvelles images, impressions. Entre 2 ravitos, Céline m'a permis de voyager plus vite. La tête s'évade par moment et le corps avance, limiter la douleur, gérer le reste et surtout ne jamais s'endormir.

La préparation du coach, souvent difficile, éprouvante, a payé, 4 jours après je peux de nouveau courir légèrement et penser à la prochaine. J'avance plus vite et encaisse mieux.

Merci à mon frère et ma sœur qui ont assuré le suivi live pour prévenir Céline de mon avancée entre deux points de rencontre.

Relire les 33 messages de soutien est un délice d'après course qui fait très plaisirs, merci à vous.

Concernant l'UMNT, je suis désormais 6ème provisoire, 4 places de gagnées avec l'Echappée Belle, ça ne devrait pas suffire pour me maintenir à cette place mais c'est grisant :

Classement
Nom Prenom
Etape 1
Etape 2
Etape 3
Etape 4
Etape 5
Total
1
ROUANET Renaud
560
0
678
0
732
1970
2
CHAVET Cedric
515
0
732
0
696
1943
3
OLIVIER Romain
0
530
601
0
678
1809
4
D'ALETTO Fabrice
530
0
696
575
0
1801
5
CRAFF Matthieu
502
0
632
545
0
1679
6
GIRAUDEAU Xavier
0
0
516
463
647
1626
7
VERDIER Philippe
489
489
0
530
0
1508
8
TRIVEL Lionel
575
0
714
0
0
1289
9
LONGEARET Sebastien
383

488
367
0
1238
10
LE SAUX Christophe
0
502
0
0
714
1216



Merci à l'orga' (Florent, encore bravo) aux bénévoles très accueillants, sacré bel itinéraire, roulant juste ce qu'il faut (dans le parc de Vizille et à l'arrivée).





Commentaires

  1. Belledonne c'est roulant ;) ! bravo l'ami c'est à peu près la course que je visais, mais j'avais omis la fatigue générée par l'orga, bonne eclate quand meme et surtout très content de te voir devant avec olivier.

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