Echappée Belle : Tecnik-Traille
Du
réveil à ligne de départ :
4h55
le réveil n'a pas besoin de sonner je suis déjà réveillé, je me
lève rejoint mon père dans la cuisine, je découvre le dessin que
m'a fait Tiago pour la course, un peu de douceur avant d'affronter l'univers de brutes qui m'attend.
Je
m'habille tout en avalant mon gato sport, tel un automate Mon père
est pressé il a peur que l'on soit en retard, je suis déjà assis
dans sa voiture, il fait nuit pas trop froid, on échange deux mots,
il vit autant la course que moi. On a seulement 10 min de voiture,
une fois garés, on file vers l'entrée, dans les rues les traileurs
lacent leurs chaussures, rangent leur sac, il est 5h40, dans 20min
ça partira, …
On discute tous les deux, rassurés sur l'horaire, anxieux que nous sommes, rien à craindre on est dans les temps, on se quitte notre prochaine rencontre se fera à l'Arselle, il sort son appareil photo histoire d'immortaliser cet instant unique.
On discute tous les deux, rassurés sur l'horaire, anxieux que nous sommes, rien à craindre on est dans les temps, on se quitte notre prochaine rencontre se fera à l'Arselle, il sort son appareil photo histoire d'immortaliser cet instant unique.
Je me
fais badger dans cette masse de coureurs (500 solos et 40 équipes),
on est serré au passage du SAS, puis ça se détend, l'atmosphère
est humide, il fait nuit, je met ma musique et me place dans les 50
premiers, histoire d'éviter les bouchons. Autour de moi quelques
têtes connues, je suis ému d'être sur la ligne enfin, tellement
longtemps que j'attends cet instant.
Le
départ est donné, la foire peut commencer ! Je cours
rapidement dans le parc du château, mais suis bien obligé de
laisser passer la foule de coureurs pressés d'en découdre... « heu
les gars on doit se farcir 140km ? ». Ca part plus vite
qu'un trail de 50km, je comprends rien, complètement dépassé par
l'allure, je me laisse porter un peu par ce flot, on sort du parc,
prend un peu de route, un regard à droite et à gauche, mon père n'y est
pas, pas de soucis je sais où il va et m'en vais le rejoindre avec
cette meute incompréhensible !
Enfin
ça grimpe un peu, ça se tasse, je peux dépasser quelques coureurs
revêches qui s'évertuent à accélérer, pas grave j'ai mon temps,
soudain j'entends « Xavier ? », me retourne, c'est
Fred de la Montagn'Hard, on avait fait 50km ensemble, super souvenir,
il est bien en forme on papote, ça fait du bien, je le laisse avec
ces compagnons et grimpe un peu plus haut.
Vers
7h il commence à faire jour, mais je laisse le faisceau de ma
frontale éclairer le sol, ça me maintien éveillé et dans le sous
bois il fait plus sombre, un coureur me double et me conseille
« d'éteindre ma loupiote », c'est sûr qu'avec ses
lunettes de soleil à 7h on a pas la même vision, je lui dis de ne
pas s'inquiéter pour moi, il file droit devant.
Au lac
du Luitel, 4 coureurs reviennent sur leurs pas, ils ont raté
l'embranchement et râlent, mon père m'envoie un sms, il m'attend, ça
roule, je poursuis ma route à une allure un peu forte sans plus,
mais le niveau des personnes qui m'entourent me stupéfait, ça va
vite très vite.
Enfin,
le plateau de l'Arselle, 15,7km et environ 1400md+, 2h28, je retrouve
mon père qui me prend en photo avant de me ravitailler, je suis
pressé. Il est arrivé tôt et a pu voir les premiers passer et
compter les coureurs, excellent car il n'y a pas de pointage, je suis
78ème (solo + relais), un peu dégoûté « le niveau est élevé,
ça va trop vite pour moi ». Enfin je me rassure, j'ai 30min
d'avance sur ma prévision faite à la louche sur cette partie.
Le
premier est passé 30min avant moi, sans doute un peu trop vite comme
beaucoup de participants, puisqu'il passera à la Pra 272ème (10km
plus loin), il finira quand même la course contrairement à 3 des 10
premiers à l'Arselle qui s'arrêteront à Fond de France.
Arselle - La Pra : 26km (2294md+) 4h44 / 65ème
Je quitte une nouvelle fois mon père, il me donne de l'énergie pour la suite, on se reverra désormais à Fond de France. Devant moi, deux coureurs discutent en montant au lac Achard, je suis à la traîne pour les suivre, obligé de lâcher un peu, toujours rapide, bien que j'arrive à voir quelques coureurs, je me console avec les paysages et attends patiemment mon heure. On atteint rapidement les Lacs Roberts, je double un coureur silencieux, le sentiment de rentrer dans le massif à partir de ce point (3h30 de course).
Un coureur devant moi me tire, je le sais rapide et le laisse à distance, on commence à rattraper des coureurs, le sentier se corse pour rejoindre le Lac David, un relais me laisse passer, je suis bien et accélère, le passage technique va sans doute générer un bouchon j'en profite pour distancer mes poursuivants. Les remontées me permettent de jauger l'écart, j’évite de marcher sur une grenouille, mais je me fais quand même rattraper au Lac David (4h30).
La descente sur le refuge de la Pra est tranquille, deux coureurs me déposent en accélérant, je ne lutte pas, il fait beau et pense à la manip' à faire. On me pointe et m'annonce 70ème, le réseau ne passe pas mais plus tard je découvre les sms (merci Laurent) qui m'annoncent 65ème. Un bénévole très sympa me prend en charge, m'offre un café, rempli ma poche à eau, le top, vraiment un accueil rarement vu aussi attentif.
(Le 1er est passé en 3h45, le 10ème en 4h11)
Refuge de la Pra – Refuge du Jean Collet : 37,3km (3307md+) 7h32 / 52ème
Je suis mon coureur que je viens juste de saluer, on est dans la course lui comme moi, sans se le dire. Au dessus de La Pra, un coureur en relais m'interpelle en me demandant si j'ai du réseau, il est sympa et m'explique le dramatique accident de son relais 15 jours avant la course. On reste ensemble quelques minutes à échanger, je lui détaille le reste jusqu'à Fond de France, il a l'énergie pour y aller, aucun doute.
Après les Lacs du Doménon, j'arrive à la bifurque (5h30) qui donne accès à la Croix de Belledonne (2926m), il s'agit de faire un aller retour, je double mon coureur et accélère, car devant ça commence à ralentir.
Les premiers descendent, vite et en forme, bluffant ! Quelques têtes connues Guillaume Bernard et Florent Sorbier. J'essaie de repérer l'heure et lieu du croisement pour compter l'écart (ce sera proche de 40 min) mais je renonce à compter le nombre de coureurs qui descendent il y en a trop...
Au sommet les visages de certains trahissent leurs fatigues et leurs inquiétudes (il reste 116km), je fais le tour de la Croix comme demandé par les bénévoles. L'un d'eux me rappelle un certain DZ, je l'interpelle mais non je me trompe... manque de lucidité ? Je descends dans ce dédale de blocs et croise ceux qui montent et les encourage.
La montée au col de Freydane est sans soucis sur un névé un peu glissant. Au col je file sur la descente prudemment, le terrain est instable et vois deux coureurs au taquet qui me doublent l'un d'eux descend franchement hyper vite, je le regarde s 'éloigné et aperçois un coureur au milieu des blocs que je finis par rejoindre c'est Lionel Didier, hyper en forme je suis surpris de le voir devant, il est en avance, on échange deux mots ça fait du bien de le voir, je sorts un peu de ma bulle.
Au Lac Blanc un des deux coureurs qui m'a doublé sous le col cherche son chemin, on file vers le refuge de Jean Collet, un peu de brouillard sous le verrou du lac. Le réseau passe à nouveau, Céline m'attend. Après une descente ça remonte un peu, je rattrape quelques coureurs et arrive enfin au refuge, des spectateurs me donnent mon classement et m'interpellent par mon prénom, surpris j'ai oublié qu'il est écrit sur mon dossard.
Ravi de voir Céline, elle me fait un descriptif des premiers, je lui fais part de mon inquiétude sur le niveau général, ça va toujours très vite. Elle me rassure je suis en avance de 44min sur mes prévisions. On est content de se voir, les manip sont rapides, je lui donne ma ceinture cardio (qui me gène plus qu'elle ne me sert : l'échauffement est fini). Je refuse une soupe pas le goût et pas assez consistant (j'ai bien fait plusieurs coureurs la vomiront avant le Pas de la Coche). Un dernier regard on file, je quitte le ravito où des coureurs arrivés avant moi dissertent sur la suite du parcours.
Jean Collet – Fond de France : 61km (5000md+) - 12h43 / 36ème
Je force l'allure pour tenter de rejoindre des coureurs avant le Col de la Mine de Fer ça marche dans un premier temps, je double un Réunionnais, mais pour les autres je n'y arrive pas. Passé le col je file sur des blocs de pierres pour atteindre la Brèche de la Roche Fendue, je rattrape quelques coureurs sur le névé et d'autres arrêtés à la Brèche, l'un d'eux se fait étirer les ischios.
Je descend le pierrier, devant moi deux coureurs, on ne passe pas par les lacs des Trois Laux, mais suivant un itinéraire balisé de points bleu qui se révèlent fatiguant, ça tourne il y a la pente et toujours autant de blocs.
Vers 2000m après m'être à nouveau fait doubler par un coureur, je prend pied sur un sentier en terre enfin, 4h30 passées sur les cailloux ça me soulage les pieds, on atteint le Pas de la Coche. Un coureur me double, je le redouble dans la montée après le Pas, un peu agacé j'accélère l'entendant me suivre, je me retourne il s'agit d'un bénévole, le coureur est plus loin...
Je finis par rattraper deux coureurs qui sont partis devant moi au refuge Jean Collet avant le col de la Vache (il m'aura fallu 2h30 pour le faire). Je suis en forme après 10h de course, je me décide de forcer jusqu'au Col de la Vache, ça me permet de doubler quelques coureurs, dans les blocs (très gros) sous le col, l'un d'eux semble fatigué, je lui demande s'il va bien, il me regarde fixement et me dit « non ! Mais c'est le jeu » je n'insiste pas. Ce coin me rappelle une sortie avec Jo et Eric.
Je ne suis pas très bien le balisage, trop occupé à regarder où poser les pieds, malgré tout j'arrive au col en 10h47, des coureurs sont assis pour manger. Je file dans la descente, glisse un peu sur mon postérieur pour aller plus vite et reprends la course ensuite dans le pierrier. Le torrent sous le névé me permet de remplir une gourde, je n'ai presque plus d'eau depuis Jean Collet (3h20 de course).
Aux lacs des Sept Laux, je suis à l'aise et continue de doubler, le terrain est plus cool, je me relâche un peu en regardant les lacs et en me disant que j'ai pas mal d'avance, ça sent bon pour la suite, l'instant d'après mon pied gauche est attrapé par des cailloux sournois je plonges la tête en avant, les bras en arrière, je tape le sol, mes lunettes volent, les cervicales craquent un peu, je me touche la tronche, pas de sang, ouf, je l'ai « échappée belle » sur ce coup. Bien que je boite un peu en repartant, ça fini par passer. Ne pas se relâcher même après 11h20 de course...
La descente sur Fond de France permettra à deux coureurs de me rattraper un me doublera j'arriverai à tenir l'autre et rattrape même un coureur coriace dans les sous bois.
A 500m du ravito je double un dernier coureur pour le fun et déboule dans la foule, ma mère est aux avant postes exaltée de me voir, on se retrouve tous à la base de Vie où l'on m'annonce au pointage 44ème, les potes par sms m'annoncent 36ème.
Je m'assieds, un peu fatigué, Céline et mes parents me réconfortent et me ravitaillent, je me change d'habit pour la nuit. Une bénévole prend la peine de m'apporter de la crème avec laquelle je masse mes jambes. J'engloutis un plat de pâtes. Je suis content d'être avec eux, j'ai 1h35 d'avance, les 32h sont encore jouables. Je repars après 13h10 de course. Lio D est déjà là, on échange 2 mots "tu vas dormir ?", "que si chuis mort !".
(A la sortie de Fond de France, le 1er reprend la course après 10h09, le 10ème après 12h10, le 26ème abandonne avant Fond de France et les 6ème, 22ème et 34ème ne reprennent pas la course).
Fond de France – Gleyzin : 75,6km (6100md+) 16h08 / pas de classement
Je repars donc après 27min de pause (20ème temps) à la 26ème place, on m'annonce 36ème, les sms corrigent mon classement en direct !
Sur la route qui mène à la Martinette, 5 coureurs me devancent, je les rattrape il y a Mickaël et Ludo avec qui j'ai fait le GR73 en 2012, ils sont en forme et rapidement me devancent, je reste éloigné tout en arrivant à doubler les 3 autres.
Au parking de la Breda, je retrouve toute ma troupe. Céline et Tiago courent avec moi jusqu'à mes parents, ça me fait du bien de partager encore un petit moment loin des autres coureurs, la suite des réjouissances est plus dures, on se revoit au Gleyzin avec Céline dans 3h ?
Plus de 800m de dénivelé jusqu'au chalet de la Grande Valloire, personne derrière moi, j'essaie d'imprimer un tempo, cette montée me rappelle une sortie avec Lud.
Dans les bois je me retourne croyant entendre des coureurs, mais rien. Je finis par rattraper un coureur Suisse bien silencieux, je file, plus haut après le torrent je me retourne encore une fois pour voir mon avance, à ma grande surprise un coureur venu de nul part me fait un signe et me dit « coucou », d'où sort-il ? Je ne comprends pas, à son allure il devrait me doubler mais je ne reverrai plus ce coureur fantôme (l'impression que je viens d'avoir une hallucination).
Au sortir de la forêt, c'est le repère des Tétras Lyres mais là ce sont Mickaël et Ludo qui doutent, ils m'interrogent sur le balisage je leur dis que c'est tout bon.
Au Chalet, les bénévoles nous pointent, Ludo s'arrête, je suis Mickaël, il est bientôt 21h le brouillard se lève, il fait nuit, il s'arrête pour prendre sa frontale, j'allume la mienne qui est déjà sur ma tête, on fait connaissance. Bien sympa et expérimenté on est sur les mêmes prévisions, ça me motive pour passer la nuit avec lui et si possible finir avec lui.
Un patou aboie dans la nuit, il est attaché, on ne craint rien, je passe devant avant le lac du Léat, un petit doute sur l'itinéraire, Mickaël s'apprête à sortir son gps, mais ça va on arrive tranquille au lac. Des personnes au chalet ont installé des bougies, on se pose comme des Airbus sur une piste, des lumières des deux côtés du sentier.
Après un bref échange, on continue en direction du Gleyzin, un coureur immaculé de blanc me double comme une balle ! Il me rassure c'est un relais tout beau-tout frais, ce qui n'est pas mon cas.
Arrivé à Gleyzin je croise (un basque ?) Txomin au regard austère, très concentré il repart du ravito. Un stand spéciale bénévoles me trompe, le mien est plus loin, j'aperçois mon père, ils sont finalement tous venus ici aussi, il est 22h08, pas de classement car les premiers n'ont pas été pointés.
16h08 de course, j'ai encore une heure d'avance sur mes prévisions, mon ravitaillement est rapide, je mange aussi des bananes, du jambon et bois un café bien fort...
Cette fois-ci c'est plus difficile de les laisser, le morceau à venir est plus sérieux, ils m'encouragent. Céline sera à Super Collet. Faut pas lâcher, je sais qu'il me faut passer le Moretan, 1400md+, puis ce sera la montée à Super Collet 900md+, j'ai estimé cette partie faisable en 5h, c'est trop optimiste, je mettrai 6h36.
Gleyzin – Super Collet : 96,76km (8400md+) 22h39 /14ème
Après une tape d'encouragement (à me rattraper) sur l'épaule de Mickaël (j'espère qui va le faire), je file vers le refuge de l'Oule situé à 1836m. Au total il y a 6km jusqu'au Col du Moretan situé à 2503m. Pour avancer je saucissonne le parcours en petits objectifs intermédiaires, c'est plus digeste.
Un panneau planté sur le chemin annonce l’arrivée à 66km, cool je crois que ce bout de carton est un message gravé dans le marbre et regarde ma montre ça ferait donc 141,6km, ok ça marche.
Motivé je repars encouragé par la poignée de spectateurs, ambiance nocturne, je passe l’éboulis du Col du Pertuis que j’avais remonté à pied il y a bien longtemps vers 1998 à une époque où je me demandais à quoi ça correspondait un 4.1 l'été. J'étais redescendu du côté Moretan, bref tout ça pour dire que c’est blindé de cailloux et qu’un couloir enneigé ne ressemble pas à ce qu’il est l’été, mais bon faut bien apprendre en allant voir…
Après la foret j'entame la prairie sous le refuge, la nuit est étoilée, au loin le Gleyzin est illuminé, quelques frontales devant moi se retournent. J'avance d'un bon pas, 1h15 pour atteindre le refuge, je suis peu bavard en passant devant les bénévoles, personne ne semble s'y arrêter.
L'humidité importante depuis Fond de France fait que je suis trempé et commence à me refroidir, je finis par accepter l'idée de m'arrêter 5min pour mettre ma polaire et ma veste imperméable, quel bonheur cette chaleur ressentie.
Je n'avance plus très efficacement dans les blocs qui me mènent au Col du Moretan, il est 23h30, je me décide à tenter de passer le col avant minuit. Je rattrape quelques coureurs mais le chrono défile plus vite que moi sur ces satanés blocs, pas grave j'avance quand même.
Sous le col un névé pas trop raide est gelé, je n'y prêt pas attention et continue dans les blocs où il faut utiliser les mains tellement ça devient raide, à 20m du col ma frontale clignote puis s'éteint, je suis dans le noir à quatre pattes les bénévoles éclairent la partie finale, ma batterie n'aura pas tenu longtemps !
Les bénévoles sont une nouvelle fois, super sympas, il est 00h39 (plus que 15min d'avance sur mes prévisions), on déconne ils m 'invitent à « bouffer » le 10ème qui est 30min devant moi, ça pourrait m'intéresser, mais je pense aussi que le 30ème pourrait lui aussi me rattraper, alors ils me disent dans ce cas tu feras 15ème (prémonitoire ?).
En attendant j'ai réussi à mettre une batterie de secours censée tenir 7h30, donc je devrai pouvoir finir la nuit avec.
Je bascule côté Veyton d'abord par un éboulis puis par le névé, que j'imaginais tout mou (tel un sorbet au citron, que l'on boit au soleil, en regardant la Gravière broyer les planches des surfeurs), sauf que sous le faisceau de ma frontale celui-ci brille, il est gelé.
Je reconsidère alors l'utilisation des cordes fixes installées car je descends comme une vache folle sur une patinoire ce névé, contrairement à Ludo qui me double comme un boulet de canon.
Aidé par les cordes, je fini par quitter le névé, plus rapidement que je ne le pensais. Pour éviter une zone exposée, on prend pied dans un dédale de blocs infâmes à franchir et enfin on atteint la moraine plus terreuse mais plus glissante, je me ramasse 3 fois, Ludo lui file à vive allure.
30 min plus tard, on retrouve les blocs du lac supérieur et ma frontale me lâche à nouveau, j'enrage, dans le noir total je trouve ma lampe de secours, heureusement que Céline m'a fait changer les piles de celle-ci. Un coureur est avec moi on sort ensemble de cet empilement de blocs pour retrouver le brouillard et un sentier en terre.
Avec cette frontale, je perds la moitié de mon champ d’éclairage mais ça me suffit, mon inquiétude est la durée de ses piles ? Céline a t ‘elle une frontale à me passer, si je prends la sienne et lui file la mienne sans pile elle n’y verra plus rien pour rentrer à la voiture… pff ça craint, merde !! je suis énervé, plus le choix je dois avancer contre le temps.
Je tourne ma tête comme un phare sur la côte bretonne pour faire briller les fanions rachitiques plantés à distance… tout en marchant dans des flaques d’eau, les pieds trempés, ça ne me rassure pas pour les ampoules. Au loin j’aperçois une énorme frontale stroboscopique qui me regarde et qui disparaît cachée par le relief, j’envie ce coureur équipé de cette lampe et m’inquiète de la durée de la mienne, « il a peut être un problème car c’est bizarre quelle clignote à ce point sa lampe, je vais peut être le rattraper ? ». Aller hop, je file, me retourne, le coureur du lac n’est plus dans mon champ de vision (limité par le brouillard).
Après le second lac, je découvre que la lampe frontale qui tremble est en fait un énorme halogène installé sur le ravito du Périoule (85km, 19h45 de course). C’est bizarrement silencieux, je m’attends à entendre la détonation du canon à air comprimé utilisé pour faire fuir le loup, mais non rien ne vient, il est éteint, dommage j’aurai bien aimé l’entendre pour me réveiller de ma semi torpeur…
Ludo est là, je le félicite pour sa descente, il m’indique que ses bâtons sont cassés, pas top pour la suite, il se ravitaille, je lui explique ainsi qu’aux 3 bénévoles, mes soucis de frontale et là miracle, l’un d’eux me donne 4 piles pour ma frontale ! Quel bonheur de savoir que je vais pouvoir finir la nuit ! Ils m’indiquent qu’un coureur devant a eu aussi un problème et fini de s’éclairer avec son portable…
Un bénévole remet un peu d’eau dans ma poche à eau, j’y ajoute un peu trop de poudre sucrée, … Quand je repars du ravito, Ludo est déjà loin devant. Avant, j’avale une soupe de nouilles qui me fait du bien sur le moment, ainsi qu’un café serré, très serré. Les nouilles vont m’accompagner par de petits rots pendant plus de 3h, ma boisson est trop concentrée, je n’arrive plus à vidanger mon estomac, ça signifiera pour quelques temps une déshydratation et une perte d’énergie, l’eau plate dans une de mes gourdes n’est pas suffisante pour diluer le mélange qui remplit mon estomac…
Du ravito, je reprends en forme et bien motivé, allume mon portable près du barrage de Périoule (87,3km), le réseau passe à cet endroit, je reçois plein de sms, c’est vraiment cool surtout à 3h30 (merci juju), malheureusement impossible de transmettre d’info à Céline, j’insiste un peu, mais vois déjà des frontales qui se rapprochent.
Plus loin sur la montée à super Collet le réseau sera à nouveau disponible, je rattrape deux coureurs, l’un d’eux me semble être l’une des favorites, je cherche mes mots pour balancer une vanne, à court d’idée je les double et regarde la concurrente qui n’est qu’un coureur en souffrance, je ne traine pas et les devance.
Sous le lac, le sentier est en sous bois, ce qui signifie qu’il n’y a pas juste de la terre, ce serait trop facile, les racines sont énervées ici, glissantes elles imposent d’être vigilant, les derniers petits blocs n’ont pas dit leur dernier mot et ce n’est pas parce que l’on perd de l’altitude que l’on est sorti des sentiers techniques. Il faut donc composer aussi avec de grosses marches, des dalles glissantes, ce n’est que vers 1200m qu’une piste carrossable bien disposée, me permet de courir en pilotage automatique, les véhicules des bergers y sont garés. Je laisse les jambes tourner et ajuste un peu l’allonge sans faire attention à ce qui est présent au sol ça détend… plusieurs fois je me retourne, entendant des coureurs qui ne sont que dans ma tête.
Au pied de la montée qui part peu après les Chevrettes (91,6km 21h07) il me reste 5km et 900md+, même si au précédent ravito je ne crois pas les bénévoles qu’ils me l’avaient dit, pensant qu'il y avait plus. Cette montée je l’ai déjà faite 2 fois, elle est terrible, donc je l’appréhende pas mal. Avant de passer en mode montée, je croise un coureur (Florent ?) assis je lui demande si « ça va ? » il me répond « oui » je n’insiste pas.
Je ne sais pas trop pourquoi je me lance dans cette montée en forçant dès le départ pour que le coureur ne puisse pas me rattraper, nouveau challenge arriver avant lui…Plusieurs fois, dans la foret je me retourne pour voir le faisceau de sa lampe, parfois j’en compte deux, sans savoir si vraiment il y en a qu’un ou deux. Je force et monte dans les parties raides sur l’avant du pied, mes releveurs sont ainsi un peu trop comprimés dans mes chaussures (début des problèmes). Je fini par ne voir plus personne.
Céline m’envoie un message pour me dire que les premiers ont mis « 6h depuis le Gleyzin» et que ceux qui arrivent sont très fatigués, faut dire qu’avec mes 5h de prévisions j’ai été optimiste…
Peu avant le Chalet de la Pierre du Carré (1760m), je sors de la foret, aperçois les coureurs qui descendent le sentier 2000m pour rejoindre le Col Claran, ils ont beaucoup d’avance sur moi. Moins loin je vois un coureur, je le suis sans regarder le balisage, il fait demi-tour car il s’est planté à une bifurcation, ça m’évite de faire la même erreur.
Je le dépasse un peu avant le téléski du Soleil, il fait toujours nuit, j’arrive enfin au ravito du Super Collet, il est 4h39 du matin, (6h36 depuis Gleyzin, 1h32 pour la dernière montée, 39min de retard sur mes prévisions). Ma frontale est quasi éteinte. Céline me rejoint, elle a du mal à me reconnaître, les traits tirés par la fatigue, je ressemble à un zombi. Je change les piles de ma frontale.
Je m’assois avec soulagement sur un banc, Céline me couvre avec un duvet, à 2000m en plein vent il fait très froid, elle m’attend depuis pas mal de temps et me félicite car j’avance bien. On m’annonce 17ème. Elle m'apprend qu'un coureur se serait cassé un bras dans le Moretan et que le 5ème abandonne.
Même si j’ai l’impression d’avoir perdu du temps depuis le Gleyzin, j’ai réussi sans le savoir à réaliser le 10ème temps entre Fond de France et Super Collet (36km et 3800md+), en 9h29 (3km/h). Le plus rapide Raúl Toledo met 7h29 (3,8km). Mais ça je ne le sais pas pendant la course, ceux qui sont devant leur pc comprennent ce qu’il se passe pas, pas moi. Ce que je ne sais pas non plus, c’est que je ne suis qu’à 20min de la 10ème (l'avion de chasse : Sandrine Béranger ).
Fatigué, je reste avec Céline pendant 30min, elle est en place depuis longtemps et a eu le temps de se refroidir, je la vois trembler, malgré cela, elle déborde d'énergie et gère tout je me laisse faire, je mets un collant d'hiver par dessus mon cuissard, des gants et un bonnet, mange un peu, prend un café.
Mes releveurs du pied gauche me font mal, je masse un point douloureux. Conséquence de la chute aux Sept Laux et/ou chaussures trop serrées. Je n'ai pas la lucidité de les desserrer.
Je reconnais le père de Mickaël, je lui dis que je ne sais pas où il est, il me répond qu’il dort, surement au ravito de Périoule, il y avait des tentes installées et vides quand j’y suis passé.
Je finis par me lever à 5h08, c’est difficile, mes jambes sont dures comme du bois, j’aurai bien aimé papoter avec Céline, mais faut finir la course. En la quittant je vois Ludo et surprise Guillaume Bernard qui sort de sa tente (il est arrivé 8ème ici à 3h26 du mat’), il est accompagné d’un coureur avec qui j’ai fait le GR73 cette année (sous la neige en arrivant à Aillons, dans une certaine confusion il m’avait proposé de finir main dans la main, la course en passant l’arche au 40ème, sauf, qu’il nous restait encore 18km à faire les pieds dans le froid, …).
Je quitte Céline et sais que je la reverrai au Cucheron vers 12h/14h, c’est plus très clair.
(Le 1er arrive à Super Collet en 17h47, la 10ème en 22h19 – le 5ème et le 17ème abandonne)
Super Collet – Val Pelouse : 111km (9800md+) – 27h17 / 14ème
Pour ne pas me faire rattraper par ceux qui sortent de leur tente, je vais rapidement courir sur les crêtes 2000 pour atteindre le Col Claran (1956m), ça me permet de rattraper un coureur, je bascule dans le vallon du Bens après mettre retourné pour voir les écarts.
Devant moi, un coureur encore dans la prairie ralentit dans une zone humide, je le dépasse et entre dans la forêt où je me décide d’accélérer comme je peux pour disparaître du champ de vision de ceux qui me suivent, le terrain est glissant la végétation ruisselle et trempe les vêtements, mes habits me protègent, je suis blindé contre l’eau alors je fonce comme je peux.
Après avoir traversé le torrent, je rejoins Txomin et Ludo au chalet de Pré Nouveau (1430m), un coureur revient sur moi, je poursuis ma route sans trainer, maintenant il s’agit de grimper 450md+ pour rejoindre le chalet de Férices au 103ème km.
Je tache de forcer le pas, mes intestins m’imposent un épandage express, réalisé juste avant que Txomin me rattrape. Il monte avec un seul bâton, je lui demande s’il a passé un bâton à Ludo, il me répond qu’il ne parle pas Français et vois son second bâton sur son sac. Au Chalet, les 3 bénévoles nous proposent de l’eau, j’accepte, Txomin file et Guillaume nous rattrape suivi de Julien.
On nous demande si on a vu un concurrent blessé, recherché sur le parcours entre Super Collet et les Férices, aucun de nous ne l’a vu et pour dire vrai, il serait allongé à 1m du sentier, dans la foret la végétation le cacherait…
Les bénévoles m’annoncent 20ème, 17ème solo, seulement 3 relais sont passés dont 1 qui dort dans le chalet. Ils me confirment la rumeur du bras cassé dans le Moretan qui serait peut être une jambe.
Il fait déjà jour, 7h du matin passé, le vent se lève, au dessus de la forêt, on doit faire encore 8km jusqu’à Val Pelouse, en passant de bonnes montagnes Russes (crête des Férices 2244m, col d’Arpingon 2276m et col de la Frêche 2160m).
Je suis Txomin qui me laisse descendre plus vite que lui, il me repasse dans les montées, devant Julien résiste un temps, aux assauts de Guillaume qui arrache le terrain (il part pour reprendre sa place : 7ème). Mon pied gauche me fait mal dans les descentes techniques.
Le vent rafraichi, Julien met une veste et m’encourage, Txomin me suis, sinon personne à l’horizon.
Pendant 8km, je vais déguster, mon allure va s’effondrer, j’envie Guillaume et Julien qui peuvent courir, Txomin fini par être plus rapide que moi sous le sommet des Grands Moulins, je souffre, mentalement c’est dur de subir, seules les montées, le plat et les descentes pas trop raide m’épargnent la douleur. Autant dire que je n’ai pas beaucoup de répit.
Txomin 500m devant moi, referme une clôture à vache au dessus du refuge de La Perrière, je reçois le sms de mon Père qui m’attend à Val Pelouse, me reste 2 ou 3km laborieux je lutte et fini par traverser un sous bois qui me permet d’atteindre la prairie au dessus du parking.
Je me dirige sur ce que je crois être un ravito, on me fait des signes pour descendre à droite, je suis fatigué et pas très lucide, je comprends alors que je dois badger à un endroit et peut être remonter au ravito, c’est sur cette interrogation que j’aperçois Eric !!! incroyable il me fait l’immense plaisir de venir ici me voir, quelle joie de le voir, il est 9h17, Eric m’attend depuis 7h du matin, il a suivi toute la course !
Je rejoins avec Eric et mon père le ravito, je suis 14ème j’entre dans le chalet, y a pas de place, tous les coureurs ont les traits tirés, Eric me dit que ceux de devant ne sont pas mieux. La rumeur enfle le coureur du Moretan se serait brisé peut être le bras et la jambe...
Sans le savoir, j’ai toujours 20 min de retard sur la 10ème . Devant tout le monde souffre et ralenti, sur les 14 premiers, seulement 3 sont dans les 14 meilleurs temps sur l’étape Super Collet – Val Pelouse. J’avais prévu, 3h40, j’en mets une heure de plus.
Après 27h18 de course, je ne suis pas très frais, ma motivation est en berne, l’abandon m’a traversé l’esprit, pas à cause de la fatigue mais à cause de la douleur, à la désormais tendinite des releveurs du pied gauche, s’ajoute celle du genou droit (compensation), je ne peux plus jouer la course et sais désormais que je dois passer en mode gestion finisher, en espérant ne pas perdre trop de places.
Je prends mon temps pour discuter, mon père est au petit soin, je repars difficilement, bien content d’avoir vu Eric et mon père qui m’ont apporté un bon soutien, ils m’indiquent le chemin à prendre.
La suite c’est 30km jusqu’à la fin et environ 1500md+, vais je tenir, est ce que mes releveurs ne vont pas lâcher, jusqu’à quel point je peux tirer dessus ? Tant de questionnement,…
Eric me donne rencard sur les crêtes après le Col du Champet et mon père au Col du Cucheron, ce sont des invitations à continuer, désormais je dois tenir pour finir.
(le 1er passe à Val Pelouse en 22h01, la 10ème en 26h57)
Val Pelouse – Col du Cucheron : 127km (10800md+) 31h38 / 17ème
Julien parti devant se laisse rejoindre, je découvre qu’il est en relais, on se motive pour cette fin de course, au col de la Perrière (2003m), je le laisse partir devant le terrain est encore bien difficile pour mes tendinites, des blocs encore une dernière fois jusqu’aux sources du Gargoton (1633m), Ludo me double une nouvelle fois avec de nouveaux bâtons, j’envie sa foulée.
En remontant au col de la Perche (1984m) je repasse Julien qui souffre en montée, devant j’aperçois Ludo, on s’arrête tous les trois au col.
3 mémés assurent les soins, on est pas beau à voir, Ludo avale de quoi lui permettre de s’alimenter, Julien soigne une douleur au tibia et moi j’accepte de me faire masser les releveurs gauche. Le massage est trop appuyé ça m’arrache un gémissement, la bénévole se fait gronder par sa collègue « ben moi je ne sais pas que je fais mal quand je masse ! »…
A ce spectacle s’ajoutent 2 chiens qui trainent dans nos pattes à chercher de la bouffe qui ne sont pas aux bénévoles, Lionel Bouzon passe devant nous, on doit être pitoyable vu sa tête…
On repart en le suivant, d’abord Ludo que je ne reverrai plus, puis moi suivi de Julien que me rattrapera au Col du Cucheron.
La suite est hétérogène niveau douleur, dans les descentes encore un peu raides j’en bave pour le reste c’est supportable.
A partir du Col du Champet, c'est une série de montées-descentes infernales jusqu’au Col du Cucheron, mon objectif premier est de voir Eric. Le réseau passe à nouveau j’essaie d’informer Céline de mon retard, plus assez de batterie pour lui envoyer des sms, par contre j’en reçois un paquet, de ma sœur qui pète le record et aussi mon frère et Laurent qui me donne les écarts avec le podium vétéran, 1h30 c’est pas jouable, je ne sais pas trop comment leur dire que j’en ai marre.
Au détour d’une énième descente Eric est là sur son vélo, trop content de le voir, on échange deux mots, ça me rebooste pour la suite, il prévient Céline de mes déboires.
Peu avant le Cucheron je rattrape Lionel Bouzon qui reste devant, on passe devant un coureur allongé dans l’herbe au soleil, les yeux fermés, un coureur remonte le parcours, c’est celui avec qui j’ai couru en sortant du ravito de La Pra, on se salut il nous annonce encore 2km et part rejoindre son relayeur.
Bien que j’ai repéré début aout cette partie, je la trouve interminable, on fini par arriver au Col du Grand Cucheron, cramé pour la fatigue et les tendinites, je retrouve le sourire en voyant ma troupe et au grande surprise JMB et Katy sont venus avec leur petit ! Ils m’avaient déjà fait le coup dans le Manival au Grand Duc 2011, ça me fera le même effet, je suis remonté comme une pendule. Merci à vous.
Je prends le temps de me changer, mon assistance assure grave, je suis content de voir tout le monde, on discute ça me change de ma bande son qui tourne en boucle depuis 31h38, il fait beau, j’évoque mon passage à vide et l’envie d’abandonner avant Val Pelouse, Céline me met en garde, elle a raison, j’ai pas le droit d’abandonner après toute cette préparation et l’assistance faite pendant la course, ce serait con d’arrêter à 14km…
Je frime avec mes ampoules aux pieds, les bénévoles ont vu pire : Sangé Sherpa est passé avec les deux voutes plantaires couvertes d'ampoules, il finira 3ème.
(le 1er passe en 25h25, la 10ème en 30h50)
Col du Cucheron – Arrivée 146,6km (11370md+) – 35h14 / 15ème
Regonflé par leurs encouragements à finir on se donne rendez vous à l’arrivée. Lionel Bouzon est parti il y a 5min, je pars avec Julien et son pote on échange quelques mots et leur dit de faire leur course sans se préoccuper de moi, vraiment sympas ce duo.
Encore sur le goudron, on double un solo bien pale accompagné de sa mère, qui se rassure en voyant le dossard de Julien « ha lui c’est juste un relais », quand elle voit le mien elle ne dit rien, son fils comprend il tourne la tête, le visage blafard ne cache plus sa très grande fatigue, il me lance « lui c’est un pur, un dur, un solo »… ha merci, je ne lui dis pas qu’il ressemble à ses chaussettes, blanc comme un cachet, je ne sais pas comment il a pu finir 29ème en 37h35 (ça du être purement dur, gros mental).
J’entame après la route la 1ère bosse… il y en aura trop pour les compter. On s’est dit qu’il nous restait 14km alors c’est au gps que je scrute mon décompte, mais cela n’avance pas à cause de ce dénivelé à grimper souvent arc bouté sur mes bâtons, on fera ainsi 3km avec 500md+, je mettrai 1h !! Me reste 11km en combien de temps ? Je me dis 2h…
J’en ai marre, ma pipette cisaillée par mes dents, ne fonctionne plus très bien j’ai du mal à boire, …
Après la dernière batterie de Foyalet, je sais que les montées sont finies, soulagé il me reste que de la descente (1130m de dénivelé), encore un peu de plat avant de vraiment descendre.
Mes souvenirs du repérage réalisé en aout sont vagues, j’ai oublié les passages pénibles qui s’offrent de nouveau à moi, ras le bol, enfin la piste forestière, j’essaie d’allonger la foulée et paf une douleur vive au petit doigt du pied gauche me fait crier et râler, c’est insupportable après avoir cru perdre un ongle je me rassure en pensant qu’il s’agit juste d’une ampoule éclatée, je trottine en boitant, c’est pas joli comme style mais ça fini par se tasser et être supportable …
Enfin un faux plat pas trop douloureux où je cours pour en finir, je double Lionel BOUZON qui me demande si je trouve le balisage limite par endroit, je partage son avis mais ai trop envie d’en finir j’accélère sur le bitume avant d’arriver au village des Bugnons.
Au loin j’aperçois le pote de Julien debout qui me demande si ça va, alors que Julien fait une petite sieste, au compteur reste 3km, je relance encore optimiste, après un chemin en sous bois on rattrape une route, il reste 500m de dénivelé à descendre… dur, normalement encore 2km au compteur mais le doute s’installe « et si c’était plus long ? ». (Ce sera 5km supplémentaires sur cette route).
Je change d’écran sur ma montre plus envie de voir les kilomètres ne pas défiler, je fonctionne à l’altimètre, c’est pas mieux, d’autant que la route remonte, les nerfs sont en boule, Julien et son potes me doublent, la sieste a été réparatrice, moi je lutte et me retourne pour voir si ça revient derrière moi, pour le moment ça va.
Un bénévole, enfin, m’indique encore 3km, 2 en descente et 1 sur du plat, je bascule l’écran en kilométrage, j’essaie d’allonger ma foulée, l’émotion commence à me gagner, après le pont qui franchi l’autoroute, je ne peux plus être rattrapé, je file à bloc vers l’arrivée en me répétant en boucle « je l’ai fait, je l’ai fait, je l’ai fait, je l’ai fait », je fini sur la pelouse, aperçois mon père qui court prévenir ma troupe, Tiago surpris n’ose pas m’accompagner à regret, ma mère exulte, Céline me lance un regard complice, mon père me photographie, je passe l’arche, mon cerveau se débranche, j’aperçois Julien assis, je répond au speakeur et enfin je peux m’allonger sur la pelouse heureux d’en finir et d'avoir partagé cette course avec mes proches.
Ensuite, je n’avalerai qu’un demi verre d’eau jusqu’au soir, plus envie de rien, trop fatigué Le podologue me refera les pieds à coup de seringues pour vider les ampoules, c’est douloureux mais nécessaire. Je peux aussi discuter avec Ludo, Guillaume et Lionel D qui aura pulvérisé ses prévisions en mettant 36h06 au lieu de 40h. Tous les 4, on est persuadé de ne pas refaire cette course, aujourd’hui je pense le contraire tout comme j’ai annoncé arrêter les ultratrails, ce qui me paraît un mensonge nécessaire pendant la course pour accepter « une dernière fois » la difficulté…
Comment ne pas y revenir, beaucoup d’autres trails semblent bien fades à côté de cette Echappée Belle.
J'ai commis l'erreur de trop serré mes chaussures, craignant les ampoules qui m'avaient provoqué une contracture au pied gauche avec une tendinite à l'aponévrose, la prochaine fois je ne vais plus savoir comment lacer ma chaussure gauche...
Pendant que vous lisez ce (trop) long CR, Oscar Perèz qui aura traversé Belledonne en 28h04, a déjà bouclé le TOR des Géants en 70h29 (330km et 24000md+) en 2nde position. Pas tout à fait la même galaxie …
Sinon chez les solos : 33% de "qui passent la ligne d'arrivée" (167/498). Des pacers qui abandonnent, des 1er relais qui n'atteignent pas le 2nd relais, etc etc... l'histoire est en marche.
Quelques images : ici, là ou encore là. Ils en parlent aussi ici et là. Un autre cr avec des photos du terrain. Une vidéo d'un coureur. Vidéo officielle.
grand lac du Doménon |
Après les Lacs du Doménon, j'arrive à la bifurque (5h30) qui donne accès à la Croix de Belledonne (2926m), il s'agit de faire un aller retour, je double mon coureur et accélère, car devant ça commence à ralentir.
Les premiers descendent, vite et en forme, bluffant ! Quelques têtes connues Guillaume Bernard et Florent Sorbier. J'essaie de repérer l'heure et lieu du croisement pour compter l'écart (ce sera proche de 40 min) mais je renonce à compter le nombre de coureurs qui descendent il y en a trop...
Au sommet les visages de certains trahissent leurs fatigues et leurs inquiétudes (il reste 116km), je fais le tour de la Croix comme demandé par les bénévoles. L'un d'eux me rappelle un certain DZ, je l'interpelle mais non je me trompe... manque de lucidité ? Je descends dans ce dédale de blocs et croise ceux qui montent et les encourage.
Rochers Rouges et Lac Blanc |
La montée au col de Freydane est sans soucis sur un névé un peu glissant. Au col je file sur la descente prudemment, le terrain est instable et vois deux coureurs au taquet qui me doublent l'un d'eux descend franchement hyper vite, je le regarde s 'éloigné et aperçois un coureur au milieu des blocs que je finis par rejoindre c'est Lionel Didier, hyper en forme je suis surpris de le voir devant, il est en avance, on échange deux mots ça fait du bien de le voir, je sorts un peu de ma bulle.
Au Lac Blanc un des deux coureurs qui m'a doublé sous le col cherche son chemin, on file vers le refuge de Jean Collet, un peu de brouillard sous le verrou du lac. Le réseau passe à nouveau, Céline m'attend. Après une descente ça remonte un peu, je rattrape quelques coureurs et arrive enfin au refuge, des spectateurs me donnent mon classement et m'interpellent par mon prénom, surpris j'ai oublié qu'il est écrit sur mon dossard.
Verrou sous le Lac Blanc |
Ravi de voir Céline, elle me fait un descriptif des premiers, je lui fais part de mon inquiétude sur le niveau général, ça va toujours très vite. Elle me rassure je suis en avance de 44min sur mes prévisions. On est content de se voir, les manip sont rapides, je lui donne ma ceinture cardio (qui me gène plus qu'elle ne me sert : l'échauffement est fini). Je refuse une soupe pas le goût et pas assez consistant (j'ai bien fait plusieurs coureurs la vomiront avant le Pas de la Coche). Un dernier regard on file, je quitte le ravito où des coureurs arrivés avant moi dissertent sur la suite du parcours.
refuge Jean Collet |
(le 1er est passé en 5h59, le 10ème en
6h54 – le 7ème abandonne).
Jean Collet – Fond de France : 61km (5000md+) - 12h43 / 36ème
Lac Blanc et au fond Croix de Belledonne |
Je descend le pierrier, devant moi deux coureurs, on ne passe pas par les lacs des Trois Laux, mais suivant un itinéraire balisé de points bleu qui se révèlent fatiguant, ça tourne il y a la pente et toujours autant de blocs.
Vers 2000m après m'être à nouveau fait doubler par un coureur, je prend pied sur un sentier en terre enfin, 4h30 passées sur les cailloux ça me soulage les pieds, on atteint le Pas de la Coche. Un coureur me double, je le redouble dans la montée après le Pas, un peu agacé j'accélère l'entendant me suivre, je me retourne il s'agit d'un bénévole, le coureur est plus loin...
Je finis par rattraper deux coureurs qui sont partis devant moi au refuge Jean Collet avant le col de la Vache (il m'aura fallu 2h30 pour le faire). Je suis en forme après 10h de course, je me décide de forcer jusqu'au Col de la Vache, ça me permet de doubler quelques coureurs, dans les blocs (très gros) sous le col, l'un d'eux semble fatigué, je lui demande s'il va bien, il me regarde fixement et me dit « non ! Mais c'est le jeu » je n'insiste pas. Ce coin me rappelle une sortie avec Jo et Eric.
Je ne suis pas très bien le balisage, trop occupé à regarder où poser les pieds, malgré tout j'arrive au col en 10h47, des coureurs sont assis pour manger. Je file dans la descente, glisse un peu sur mon postérieur pour aller plus vite et reprends la course ensuite dans le pierrier. Le torrent sous le névé me permet de remplir une gourde, je n'ai presque plus d'eau depuis Jean Collet (3h20 de course).
en venant du Pas de la Coche |
un des Sept Laux |
La descente sur Fond de France permettra à deux coureurs de me rattraper un me doublera j'arriverai à tenir l'autre et rattrape même un coureur coriace dans les sous bois.
A 500m du ravito je double un dernier coureur pour le fun et déboule dans la foule, ma mère est aux avant postes exaltée de me voir, on se retrouve tous à la base de Vie où l'on m'annonce au pointage 44ème, les potes par sms m'annoncent 36ème.
Je m'assieds, un peu fatigué, Céline et mes parents me réconfortent et me ravitaillent, je me change d'habit pour la nuit. Une bénévole prend la peine de m'apporter de la crème avec laquelle je masse mes jambes. J'engloutis un plat de pâtes. Je suis content d'être avec eux, j'ai 1h35 d'avance, les 32h sont encore jouables. Je repars après 13h10 de course. Lio D est déjà là, on échange 2 mots "tu vas dormir ?", "que si chuis mort !".
Fond de France – Gleyzin : 75,6km (6100md+) 16h08 / pas de classement
Je repars donc après 27min de pause (20ème temps) à la 26ème place, on m'annonce 36ème, les sms corrigent mon classement en direct !
Sur la route qui mène à la Martinette, 5 coureurs me devancent, je les rattrape il y a Mickaël et Ludo avec qui j'ai fait le GR73 en 2012, ils sont en forme et rapidement me devancent, je reste éloigné tout en arrivant à doubler les 3 autres.
Col de la Vache |
Plus de 800m de dénivelé jusqu'au chalet de la Grande Valloire, personne derrière moi, j'essaie d'imprimer un tempo, cette montée me rappelle une sortie avec Lud.
Dans les bois je me retourne croyant entendre des coureurs, mais rien. Je finis par rattraper un coureur Suisse bien silencieux, je file, plus haut après le torrent je me retourne encore une fois pour voir mon avance, à ma grande surprise un coureur venu de nul part me fait un signe et me dit « coucou », d'où sort-il ? Je ne comprends pas, à son allure il devrait me doubler mais je ne reverrai plus ce coureur fantôme (l'impression que je viens d'avoir une hallucination).
Au sortir de la forêt, c'est le repère des Tétras Lyres mais là ce sont Mickaël et Ludo qui doutent, ils m'interrogent sur le balisage je leur dis que c'est tout bon.
Au Chalet, les bénévoles nous pointent, Ludo s'arrête, je suis Mickaël, il est bientôt 21h le brouillard se lève, il fait nuit, il s'arrête pour prendre sa frontale, j'allume la mienne qui est déjà sur ma tête, on fait connaissance. Bien sympa et expérimenté on est sur les mêmes prévisions, ça me motive pour passer la nuit avec lui et si possible finir avec lui.
Un patou aboie dans la nuit, il est attaché, on ne craint rien, je passe devant avant le lac du Léat, un petit doute sur l'itinéraire, Mickaël s'apprête à sortir son gps, mais ça va on arrive tranquille au lac. Des personnes au chalet ont installé des bougies, on se pose comme des Airbus sur une piste, des lumières des deux côtés du sentier.
Après un bref échange, on continue en direction du Gleyzin, un coureur immaculé de blanc me double comme une balle ! Il me rassure c'est un relais tout beau-tout frais, ce qui n'est pas mon cas.
Arrivé à Gleyzin je croise (un basque ?) Txomin au regard austère, très concentré il repart du ravito. Un stand spéciale bénévoles me trompe, le mien est plus loin, j'aperçois mon père, ils sont finalement tous venus ici aussi, il est 22h08, pas de classement car les premiers n'ont pas été pointés.
16h08 de course, j'ai encore une heure d'avance sur mes prévisions, mon ravitaillement est rapide, je mange aussi des bananes, du jambon et bois un café bien fort...
Cette fois-ci c'est plus difficile de les laisser, le morceau à venir est plus sérieux, ils m'encouragent. Céline sera à Super Collet. Faut pas lâcher, je sais qu'il me faut passer le Moretan, 1400md+, puis ce sera la montée à Super Collet 900md+, j'ai estimé cette partie faisable en 5h, c'est trop optimiste, je mettrai 6h36.
col Moretan |
Gleyzin – Super Collet : 96,76km (8400md+) 22h39 /14ème
Après une tape d'encouragement (à me rattraper) sur l'épaule de Mickaël (j'espère qui va le faire), je file vers le refuge de l'Oule situé à 1836m. Au total il y a 6km jusqu'au Col du Moretan situé à 2503m. Pour avancer je saucissonne le parcours en petits objectifs intermédiaires, c'est plus digeste.
Col Moretan |
Un panneau planté sur le chemin annonce l’arrivée à 66km, cool je crois que ce bout de carton est un message gravé dans le marbre et regarde ma montre ça ferait donc 141,6km, ok ça marche.
Motivé je repars encouragé par la poignée de spectateurs, ambiance nocturne, je passe l’éboulis du Col du Pertuis que j’avais remonté à pied il y a bien longtemps vers 1998 à une époque où je me demandais à quoi ça correspondait un 4.1 l'été. J'étais redescendu du côté Moretan, bref tout ça pour dire que c’est blindé de cailloux et qu’un couloir enneigé ne ressemble pas à ce qu’il est l’été, mais bon faut bien apprendre en allant voir…
Après la foret j'entame la prairie sous le refuge, la nuit est étoilée, au loin le Gleyzin est illuminé, quelques frontales devant moi se retournent. J'avance d'un bon pas, 1h15 pour atteindre le refuge, je suis peu bavard en passant devant les bénévoles, personne ne semble s'y arrêter.
L'humidité importante depuis Fond de France fait que je suis trempé et commence à me refroidir, je finis par accepter l'idée de m'arrêter 5min pour mettre ma polaire et ma veste imperméable, quel bonheur cette chaleur ressentie.
lac Moretan |
Sous le col un névé pas trop raide est gelé, je n'y prêt pas attention et continue dans les blocs où il faut utiliser les mains tellement ça devient raide, à 20m du col ma frontale clignote puis s'éteint, je suis dans le noir à quatre pattes les bénévoles éclairent la partie finale, ma batterie n'aura pas tenu longtemps !
Les bénévoles sont une nouvelle fois, super sympas, il est 00h39 (plus que 15min d'avance sur mes prévisions), on déconne ils m 'invitent à « bouffer » le 10ème qui est 30min devant moi, ça pourrait m'intéresser, mais je pense aussi que le 30ème pourrait lui aussi me rattraper, alors ils me disent dans ce cas tu feras 15ème (prémonitoire ?).
En attendant j'ai réussi à mettre une batterie de secours censée tenir 7h30, donc je devrai pouvoir finir la nuit avec.
Je bascule côté Veyton d'abord par un éboulis puis par le névé, que j'imaginais tout mou (tel un sorbet au citron, que l'on boit au soleil, en regardant la Gravière broyer les planches des surfeurs), sauf que sous le faisceau de ma frontale celui-ci brille, il est gelé.
Je reconsidère alors l'utilisation des cordes fixes installées car je descends comme une vache folle sur une patinoire ce névé, contrairement à Ludo qui me double comme un boulet de canon.
Aidé par les cordes, je fini par quitter le névé, plus rapidement que je ne le pensais. Pour éviter une zone exposée, on prend pied dans un dédale de blocs infâmes à franchir et enfin on atteint la moraine plus terreuse mais plus glissante, je me ramasse 3 fois, Ludo lui file à vive allure.
30 min plus tard, on retrouve les blocs du lac supérieur et ma frontale me lâche à nouveau, j'enrage, dans le noir total je trouve ma lampe de secours, heureusement que Céline m'a fait changer les piles de celle-ci. Un coureur est avec moi on sort ensemble de cet empilement de blocs pour retrouver le brouillard et un sentier en terre.
Avec cette frontale, je perds la moitié de mon champ d’éclairage mais ça me suffit, mon inquiétude est la durée de ses piles ? Céline a t ‘elle une frontale à me passer, si je prends la sienne et lui file la mienne sans pile elle n’y verra plus rien pour rentrer à la voiture… pff ça craint, merde !! je suis énervé, plus le choix je dois avancer contre le temps.
Veyton |
Après le second lac, je découvre que la lampe frontale qui tremble est en fait un énorme halogène installé sur le ravito du Périoule (85km, 19h45 de course). C’est bizarrement silencieux, je m’attends à entendre la détonation du canon à air comprimé utilisé pour faire fuir le loup, mais non rien ne vient, il est éteint, dommage j’aurai bien aimé l’entendre pour me réveiller de ma semi torpeur…
Ludo est là, je le félicite pour sa descente, il m’indique que ses bâtons sont cassés, pas top pour la suite, il se ravitaille, je lui explique ainsi qu’aux 3 bénévoles, mes soucis de frontale et là miracle, l’un d’eux me donne 4 piles pour ma frontale ! Quel bonheur de savoir que je vais pouvoir finir la nuit ! Ils m’indiquent qu’un coureur devant a eu aussi un problème et fini de s’éclairer avec son portable…
Un bénévole remet un peu d’eau dans ma poche à eau, j’y ajoute un peu trop de poudre sucrée, … Quand je repars du ravito, Ludo est déjà loin devant. Avant, j’avale une soupe de nouilles qui me fait du bien sur le moment, ainsi qu’un café serré, très serré. Les nouilles vont m’accompagner par de petits rots pendant plus de 3h, ma boisson est trop concentrée, je n’arrive plus à vidanger mon estomac, ça signifiera pour quelques temps une déshydratation et une perte d’énergie, l’eau plate dans une de mes gourdes n’est pas suffisante pour diluer le mélange qui remplit mon estomac…
Lac Périoule |
Plus loin sur la montée à super Collet le réseau sera à nouveau disponible, je rattrape deux coureurs, l’un d’eux me semble être l’une des favorites, je cherche mes mots pour balancer une vanne, à court d’idée je les double et regarde la concurrente qui n’est qu’un coureur en souffrance, je ne traine pas et les devance.
Sous le lac, le sentier est en sous bois, ce qui signifie qu’il n’y a pas juste de la terre, ce serait trop facile, les racines sont énervées ici, glissantes elles imposent d’être vigilant, les derniers petits blocs n’ont pas dit leur dernier mot et ce n’est pas parce que l’on perd de l’altitude que l’on est sorti des sentiers techniques. Il faut donc composer aussi avec de grosses marches, des dalles glissantes, ce n’est que vers 1200m qu’une piste carrossable bien disposée, me permet de courir en pilotage automatique, les véhicules des bergers y sont garés. Je laisse les jambes tourner et ajuste un peu l’allonge sans faire attention à ce qui est présent au sol ça détend… plusieurs fois je me retourne, entendant des coureurs qui ne sont que dans ma tête.
Au pied de la montée qui part peu après les Chevrettes (91,6km 21h07) il me reste 5km et 900md+, même si au précédent ravito je ne crois pas les bénévoles qu’ils me l’avaient dit, pensant qu'il y avait plus. Cette montée je l’ai déjà faite 2 fois, elle est terrible, donc je l’appréhende pas mal. Avant de passer en mode montée, je croise un coureur (Florent ?) assis je lui demande si « ça va ? » il me répond « oui » je n’insiste pas.
Je ne sais pas trop pourquoi je me lance dans cette montée en forçant dès le départ pour que le coureur ne puisse pas me rattraper, nouveau challenge arriver avant lui…Plusieurs fois, dans la foret je me retourne pour voir le faisceau de sa lampe, parfois j’en compte deux, sans savoir si vraiment il y en a qu’un ou deux. Je force et monte dans les parties raides sur l’avant du pied, mes releveurs sont ainsi un peu trop comprimés dans mes chaussures (début des problèmes). Je fini par ne voir plus personne.
Céline m’envoie un message pour me dire que les premiers ont mis « 6h depuis le Gleyzin» et que ceux qui arrivent sont très fatigués, faut dire qu’avec mes 5h de prévisions j’ai été optimiste…
Peu avant le Chalet de la Pierre du Carré (1760m), je sors de la foret, aperçois les coureurs qui descendent le sentier 2000m pour rejoindre le Col Claran, ils ont beaucoup d’avance sur moi. Moins loin je vois un coureur, je le suis sans regarder le balisage, il fait demi-tour car il s’est planté à une bifurcation, ça m’évite de faire la même erreur.
Je le dépasse un peu avant le téléski du Soleil, il fait toujours nuit, j’arrive enfin au ravito du Super Collet, il est 4h39 du matin, (6h36 depuis Gleyzin, 1h32 pour la dernière montée, 39min de retard sur mes prévisions). Ma frontale est quasi éteinte. Céline me rejoint, elle a du mal à me reconnaître, les traits tirés par la fatigue, je ressemble à un zombi. Je change les piles de ma frontale.
Je m’assois avec soulagement sur un banc, Céline me couvre avec un duvet, à 2000m en plein vent il fait très froid, elle m’attend depuis pas mal de temps et me félicite car j’avance bien. On m’annonce 17ème. Elle m'apprend qu'un coureur se serait cassé un bras dans le Moretan et que le 5ème abandonne.
Même si j’ai l’impression d’avoir perdu du temps depuis le Gleyzin, j’ai réussi sans le savoir à réaliser le 10ème temps entre Fond de France et Super Collet (36km et 3800md+), en 9h29 (3km/h). Le plus rapide Raúl Toledo met 7h29 (3,8km). Mais ça je ne le sais pas pendant la course, ceux qui sont devant leur pc comprennent ce qu’il se passe pas, pas moi. Ce que je ne sais pas non plus, c’est que je ne suis qu’à 20min de la 10ème (l'avion de chasse : Sandrine Béranger ).
Fatigué, je reste avec Céline pendant 30min, elle est en place depuis longtemps et a eu le temps de se refroidir, je la vois trembler, malgré cela, elle déborde d'énergie et gère tout je me laisse faire, je mets un collant d'hiver par dessus mon cuissard, des gants et un bonnet, mange un peu, prend un café.
Mes releveurs du pied gauche me font mal, je masse un point douloureux. Conséquence de la chute aux Sept Laux et/ou chaussures trop serrées. Je n'ai pas la lucidité de les desserrer.
Je reconnais le père de Mickaël, je lui dis que je ne sais pas où il est, il me répond qu’il dort, surement au ravito de Périoule, il y avait des tentes installées et vides quand j’y suis passé.
Je finis par me lever à 5h08, c’est difficile, mes jambes sont dures comme du bois, j’aurai bien aimé papoter avec Céline, mais faut finir la course. En la quittant je vois Ludo et surprise Guillaume Bernard qui sort de sa tente (il est arrivé 8ème ici à 3h26 du mat’), il est accompagné d’un coureur avec qui j’ai fait le GR73 cette année (sous la neige en arrivant à Aillons, dans une certaine confusion il m’avait proposé de finir main dans la main, la course en passant l’arche au 40ème, sauf, qu’il nous restait encore 18km à faire les pieds dans le froid, …).
Je quitte Céline et sais que je la reverrai au Cucheron vers 12h/14h, c’est plus très clair.
(Le 1er arrive à Super Collet en 17h47, la 10ème en 22h19 – le 5ème et le 17ème abandonne)
Col Claran |
Super Collet – Val Pelouse : 111km (9800md+) – 27h17 / 14ème
Pour ne pas me faire rattraper par ceux qui sortent de leur tente, je vais rapidement courir sur les crêtes 2000 pour atteindre le Col Claran (1956m), ça me permet de rattraper un coureur, je bascule dans le vallon du Bens après mettre retourné pour voir les écarts.
Devant moi, un coureur encore dans la prairie ralentit dans une zone humide, je le dépasse et entre dans la forêt où je me décide d’accélérer comme je peux pour disparaître du champ de vision de ceux qui me suivent, le terrain est glissant la végétation ruisselle et trempe les vêtements, mes habits me protègent, je suis blindé contre l’eau alors je fonce comme je peux.
Après avoir traversé le torrent, je rejoins Txomin et Ludo au chalet de Pré Nouveau (1430m), un coureur revient sur moi, je poursuis ma route sans trainer, maintenant il s’agit de grimper 450md+ pour rejoindre le chalet de Férices au 103ème km.
Je tache de forcer le pas, mes intestins m’imposent un épandage express, réalisé juste avant que Txomin me rattrape. Il monte avec un seul bâton, je lui demande s’il a passé un bâton à Ludo, il me répond qu’il ne parle pas Français et vois son second bâton sur son sac. Au Chalet, les 3 bénévoles nous proposent de l’eau, j’accepte, Txomin file et Guillaume nous rattrape suivi de Julien.
On nous demande si on a vu un concurrent blessé, recherché sur le parcours entre Super Collet et les Férices, aucun de nous ne l’a vu et pour dire vrai, il serait allongé à 1m du sentier, dans la foret la végétation le cacherait…
Les bénévoles m’annoncent 20ème, 17ème solo, seulement 3 relais sont passés dont 1 qui dort dans le chalet. Ils me confirment la rumeur du bras cassé dans le Moretan qui serait peut être une jambe.
Il fait déjà jour, 7h du matin passé, le vent se lève, au dessus de la forêt, on doit faire encore 8km jusqu’à Val Pelouse, en passant de bonnes montagnes Russes (crête des Férices 2244m, col d’Arpingon 2276m et col de la Frêche 2160m).
Je suis Txomin qui me laisse descendre plus vite que lui, il me repasse dans les montées, devant Julien résiste un temps, aux assauts de Guillaume qui arrache le terrain (il part pour reprendre sa place : 7ème). Mon pied gauche me fait mal dans les descentes techniques.
Le vent rafraichi, Julien met une veste et m’encourage, Txomin me suis, sinon personne à l’horizon.
Pendant 8km, je vais déguster, mon allure va s’effondrer, j’envie Guillaume et Julien qui peuvent courir, Txomin fini par être plus rapide que moi sous le sommet des Grands Moulins, je souffre, mentalement c’est dur de subir, seules les montées, le plat et les descentes pas trop raide m’épargnent la douleur. Autant dire que je n’ai pas beaucoup de répit.
Txomin 500m devant moi, referme une clôture à vache au dessus du refuge de La Perrière, je reçois le sms de mon Père qui m’attend à Val Pelouse, me reste 2 ou 3km laborieux je lutte et fini par traverser un sous bois qui me permet d’atteindre la prairie au dessus du parking.
Je me dirige sur ce que je crois être un ravito, on me fait des signes pour descendre à droite, je suis fatigué et pas très lucide, je comprends alors que je dois badger à un endroit et peut être remonter au ravito, c’est sur cette interrogation que j’aperçois Eric !!! incroyable il me fait l’immense plaisir de venir ici me voir, quelle joie de le voir, il est 9h17, Eric m’attend depuis 7h du matin, il a suivi toute la course !
Je rejoins avec Eric et mon père le ravito, je suis 14ème j’entre dans le chalet, y a pas de place, tous les coureurs ont les traits tirés, Eric me dit que ceux de devant ne sont pas mieux. La rumeur enfle le coureur du Moretan se serait brisé peut être le bras et la jambe...
Sans le savoir, j’ai toujours 20 min de retard sur la 10ème . Devant tout le monde souffre et ralenti, sur les 14 premiers, seulement 3 sont dans les 14 meilleurs temps sur l’étape Super Collet – Val Pelouse. J’avais prévu, 3h40, j’en mets une heure de plus.
Après 27h18 de course, je ne suis pas très frais, ma motivation est en berne, l’abandon m’a traversé l’esprit, pas à cause de la fatigue mais à cause de la douleur, à la désormais tendinite des releveurs du pied gauche, s’ajoute celle du genou droit (compensation), je ne peux plus jouer la course et sais désormais que je dois passer en mode gestion finisher, en espérant ne pas perdre trop de places.
Je prends mon temps pour discuter, mon père est au petit soin, je repars difficilement, bien content d’avoir vu Eric et mon père qui m’ont apporté un bon soutien, ils m’indiquent le chemin à prendre.
La suite c’est 30km jusqu’à la fin et environ 1500md+, vais je tenir, est ce que mes releveurs ne vont pas lâcher, jusqu’à quel point je peux tirer dessus ? Tant de questionnement,…
Eric me donne rencard sur les crêtes après le Col du Champet et mon père au Col du Cucheron, ce sont des invitations à continuer, désormais je dois tenir pour finir.
(le 1er passe à Val Pelouse en 22h01, la 10ème en 26h57)
Col de la Perrière |
Val Pelouse – Col du Cucheron : 127km (10800md+) 31h38 / 17ème
Julien parti devant se laisse rejoindre, je découvre qu’il est en relais, on se motive pour cette fin de course, au col de la Perrière (2003m), je le laisse partir devant le terrain est encore bien difficile pour mes tendinites, des blocs encore une dernière fois jusqu’aux sources du Gargoton (1633m), Ludo me double une nouvelle fois avec de nouveaux bâtons, j’envie sa foulée.
En remontant au col de la Perche (1984m) je repasse Julien qui souffre en montée, devant j’aperçois Ludo, on s’arrête tous les trois au col.
Col de la Perche |
A ce spectacle s’ajoutent 2 chiens qui trainent dans nos pattes à chercher de la bouffe qui ne sont pas aux bénévoles, Lionel Bouzon passe devant nous, on doit être pitoyable vu sa tête…
On repart en le suivant, d’abord Ludo que je ne reverrai plus, puis moi suivi de Julien que me rattrapera au Col du Cucheron.
La suite est hétérogène niveau douleur, dans les descentes encore un peu raides j’en bave pour le reste c’est supportable.
Vers le Grand Chat |
A partir du Col du Champet, c'est une série de montées-descentes infernales jusqu’au Col du Cucheron, mon objectif premier est de voir Eric. Le réseau passe à nouveau j’essaie d’informer Céline de mon retard, plus assez de batterie pour lui envoyer des sms, par contre j’en reçois un paquet, de ma sœur qui pète le record et aussi mon frère et Laurent qui me donne les écarts avec le podium vétéran, 1h30 c’est pas jouable, je ne sais pas trop comment leur dire que j’en ai marre.
Au détour d’une énième descente Eric est là sur son vélo, trop content de le voir, on échange deux mots, ça me rebooste pour la suite, il prévient Céline de mes déboires.
rétro vers le col de la Perche |
Bien que j’ai repéré début aout cette partie, je la trouve interminable, on fini par arriver au Col du Grand Cucheron, cramé pour la fatigue et les tendinites, je retrouve le sourire en voyant ma troupe et au grande surprise JMB et Katy sont venus avec leur petit ! Ils m’avaient déjà fait le coup dans le Manival au Grand Duc 2011, ça me fera le même effet, je suis remonté comme une pendule. Merci à vous.
Je prends le temps de me changer, mon assistance assure grave, je suis content de voir tout le monde, on discute ça me change de ma bande son qui tourne en boucle depuis 31h38, il fait beau, j’évoque mon passage à vide et l’envie d’abandonner avant Val Pelouse, Céline me met en garde, elle a raison, j’ai pas le droit d’abandonner après toute cette préparation et l’assistance faite pendant la course, ce serait con d’arrêter à 14km…
Je frime avec mes ampoules aux pieds, les bénévoles ont vu pire : Sangé Sherpa est passé avec les deux voutes plantaires couvertes d'ampoules, il finira 3ème.
(le 1er passe en 25h25, la 10ème en 30h50)
Col du Cucheron – Arrivée 146,6km (11370md+) – 35h14 / 15ème
Regonflé par leurs encouragements à finir on se donne rendez vous à l’arrivée. Lionel Bouzon est parti il y a 5min, je pars avec Julien et son pote on échange quelques mots et leur dit de faire leur course sans se préoccuper de moi, vraiment sympas ce duo.
Encore sur le goudron, on double un solo bien pale accompagné de sa mère, qui se rassure en voyant le dossard de Julien « ha lui c’est juste un relais », quand elle voit le mien elle ne dit rien, son fils comprend il tourne la tête, le visage blafard ne cache plus sa très grande fatigue, il me lance « lui c’est un pur, un dur, un solo »… ha merci, je ne lui dis pas qu’il ressemble à ses chaussettes, blanc comme un cachet, je ne sais pas comment il a pu finir 29ème en 37h35 (ça du être purement dur, gros mental).
J’entame après la route la 1ère bosse… il y en aura trop pour les compter. On s’est dit qu’il nous restait 14km alors c’est au gps que je scrute mon décompte, mais cela n’avance pas à cause de ce dénivelé à grimper souvent arc bouté sur mes bâtons, on fera ainsi 3km avec 500md+, je mettrai 1h !! Me reste 11km en combien de temps ? Je me dis 2h…
J’en ai marre, ma pipette cisaillée par mes dents, ne fonctionne plus très bien j’ai du mal à boire, …
Après la dernière batterie de Foyalet, je sais que les montées sont finies, soulagé il me reste que de la descente (1130m de dénivelé), encore un peu de plat avant de vraiment descendre.
Mes souvenirs du repérage réalisé en aout sont vagues, j’ai oublié les passages pénibles qui s’offrent de nouveau à moi, ras le bol, enfin la piste forestière, j’essaie d’allonger la foulée et paf une douleur vive au petit doigt du pied gauche me fait crier et râler, c’est insupportable après avoir cru perdre un ongle je me rassure en pensant qu’il s’agit juste d’une ampoule éclatée, je trottine en boitant, c’est pas joli comme style mais ça fini par se tasser et être supportable …
Enfin un faux plat pas trop douloureux où je cours pour en finir, je double Lionel BOUZON qui me demande si je trouve le balisage limite par endroit, je partage son avis mais ai trop envie d’en finir j’accélère sur le bitume avant d’arriver au village des Bugnons.
Au loin j’aperçois le pote de Julien debout qui me demande si ça va, alors que Julien fait une petite sieste, au compteur reste 3km, je relance encore optimiste, après un chemin en sous bois on rattrape une route, il reste 500m de dénivelé à descendre… dur, normalement encore 2km au compteur mais le doute s’installe « et si c’était plus long ? ». (Ce sera 5km supplémentaires sur cette route).
Je change d’écran sur ma montre plus envie de voir les kilomètres ne pas défiler, je fonctionne à l’altimètre, c’est pas mieux, d’autant que la route remonte, les nerfs sont en boule, Julien et son potes me doublent, la sieste a été réparatrice, moi je lutte et me retourne pour voir si ça revient derrière moi, pour le moment ça va.
Un bénévole, enfin, m’indique encore 3km, 2 en descente et 1 sur du plat, je bascule l’écran en kilométrage, j’essaie d’allonger ma foulée, l’émotion commence à me gagner, après le pont qui franchi l’autoroute, je ne peux plus être rattrapé, je file à bloc vers l’arrivée en me répétant en boucle « je l’ai fait, je l’ai fait, je l’ai fait, je l’ai fait », je fini sur la pelouse, aperçois mon père qui court prévenir ma troupe, Tiago surpris n’ose pas m’accompagner à regret, ma mère exulte, Céline me lance un regard complice, mon père me photographie, je passe l’arche, mon cerveau se débranche, j’aperçois Julien assis, je répond au speakeur et enfin je peux m’allonger sur la pelouse heureux d’en finir et d'avoir partagé cette course avec mes proches.
Ensuite, je n’avalerai qu’un demi verre d’eau jusqu’au soir, plus envie de rien, trop fatigué Le podologue me refera les pieds à coup de seringues pour vider les ampoules, c’est douloureux mais nécessaire. Je peux aussi discuter avec Ludo, Guillaume et Lionel D qui aura pulvérisé ses prévisions en mettant 36h06 au lieu de 40h. Tous les 4, on est persuadé de ne pas refaire cette course, aujourd’hui je pense le contraire tout comme j’ai annoncé arrêter les ultratrails, ce qui me paraît un mensonge nécessaire pendant la course pour accepter « une dernière fois » la difficulté…
Comment ne pas y revenir, beaucoup d’autres trails semblent bien fades à côté de cette Echappée Belle.
oedeme le lendemain |
Pendant que vous lisez ce (trop) long CR, Oscar Perèz qui aura traversé Belledonne en 28h04, a déjà bouclé le TOR des Géants en 70h29 (330km et 24000md+) en 2nde position. Pas tout à fait la même galaxie …
Sinon chez les solos : 33% de "qui passent la ligne d'arrivée" (167/498). Des pacers qui abandonnent, des 1er relais qui n'atteignent pas le 2nd relais, etc etc... l'histoire est en marche.
Quelques images : ici, là ou encore là. Ils en parlent aussi ici et là. Un autre cr avec des photos du terrain. Une vidéo d'un coureur. Vidéo officielle.
Ça avait l'air bien cette Échappée Belle.
RépondreSupprimerLong mais bon CR. Bravo à toi.
Merci, faut pas croire ce que j'ai écrit, c'est pire mais tellement bon! Sacrée ballade, pour un massif qui dépasse pas les 3000m, Belledonne a donné une leçon à plus d'un traileur.
RépondreSupprimersalut Xav,
RépondreSupprimerJe savais que t'étais pas loin devent Lio D, j'ai du te rater vraiment de peu à Val P, dommage
Vraiment bravo
Lio A
Merci on s'est bien "défoncé" sur cette course, Lio a fait une sacrée course ! dommage effectivement pour Val Pelouse.
SupprimerSalut,
RépondreSupprimerAu vu de la dernière photo, j'ai découvert que je ridais avec un Hobbit ;-)