Euskal : une ultra race
![]() |
Ce qui fait avancer les traileurs, tu t'allonges c'est fini...carcasse nettoyée en 15min |
Toutes ces heures au
volant fatiguent, faut apprendre à le lâcher ce qui n’est pas facile pour le
routier que je suis avec ma housse en billes de bois et mon volant en moumoute,
seule la nécessité de faire le plein m’arrête, équipé de couche je peux
enquiller les bornes sans broncher enfin ça c’était avant, depuis j’ai appris
les rudiments de la vie de famille.
Bilan fort de cette
expérience routière, après une journée annulée à cause de la pluie, on décide
de partir le pire jour, le jeudi de l’ascension, petite hésitation sur le choix
qui s’impose : « les prévisions de circulation sur l’A7 sont rouge
voir pire », donc comme on est pas des bourrins, on fera sans l’A7… voilà,
faut juste se décider : Clermont ou A51, persuadé que c’est plus court on
trace par Sisteron pour rejoindre Aix en Provence via l’A51, pour ensuite
rejoindre Nîmes par Arles…
Bon je vous la fait
courte, on a mis 2h15 de plus qu’en circulation normale par l’A7-A9, travaux
sur la route de Sisteron, voitures à 60km/h au lieu de 90km/h, 10km en 1h vers
Arles…5h après on est toujours pas arrivés à Montpellier, quelque peu excédés
on découvre sur 107.7 que finalement l’A7 présente peu de bouchons, seulement
30min de retard… ok super plan…
Après c’est mieux mais
il nous faudra 11h de route non-stop pour arriver après le briefing d’avant
course, heureusement mes parents y sont pour me rapporter les infos.
Après avoir récupéré,
le dossard, fait contrôler mon sac et posé mon sac destiné à la base de vie du
70ème km, on peut enfin tous se poser pour une nuit courte, couché
vers 22h45, endormi vers 1h, réveillé vers 3h, levé vers 3h45, dehors il pleut,
la météo annonce « rares averses », je laisse ma goretex dans le
mobilhome et pris une veste imperméable légère dans le sac, je pense que les
manchons et la veste coupe vent sans manche, peuvent suffirent jusqu’à
l’arrivée des éclaircies.
A peine sorti, Manuel
le Vendéen très sympa, voisin du camping, que l’on emmène au départ, a sur lui
une super veste imperméable, ha là je retourne dans le mobilhome pour mettre la
goretex dans le sac.
Peu avant le départ,
j’interpelle Txomin et Florent, deux coureurs ayant fait l’Echappée Belle,
histoire d’échanger deux mots.
Départ (St Etienne de Baigorry 152m) – Gastigarlepoa :
(19,5km 1300md+) 2h27
![]() |
extrait du Road Book |
Le départ est donné au
canon, les ruelles sont quasi désertes, il est 5h, ça part vite, je suis bien
et file suivre les 10 premiers, par curiosité pour voir comment ils font, je
crois reconnaître Oscar Pérez, je le trouve petit, il s’agit en fait de Nerea Martinez
Urruzola (20ème au TOR 2013)…Oscar n’ayant pas pris le départ, je l’apprends
plus tard.
Après 3km je les
laisse à leur rythme et rentre dans ma course, car ça va trop vite.
![]() |
Mister Romejko a vu juste |
A Batiland, mon père
n’est pas là, je le connais il a voulu assurer le 1er ravito, le trajet n’étant
pas forcément bien indiqué.
En doublant Nerea
après Batiland (135m) dans la montée de Larla (16ème km, alti 624m),
je l’encourage elle ne réagit pas, le visage fermé, (ambiance race)…si ça se
trouve elle s’est vexée …
Peu avant le sommet de
la 1ère bosse, 2 mecs se retournent ils passent à droite à travers
les fougères, le balisage m’emmène à gauche, ça leur permet de gagner 300m sur
moi, je n’aime pas ça, je file tenter de les rattraper, l’un d’eux perd son
portable il fait demi tour, il grimace sans doute un sourire (ambiance race).
J’arrive au dessus
ravito, aperçois mon père cool, enfin une personne de sympa, je veux pointer
avant de faire mon ravito, le mec me fais signe de me ravitailler d’abord (brrr
faut se détendre), donc d’abord ravito je dis à mon père que ça part fort, il
m’informe du peu d’écart avec le premier (je passe 28ème solo, 13min
après Niko). J’ai déjà 52min d’avance sur mes prévisions.
Mon père discute avec Stephane Salerno qui s'occupe des ravitos de Niko D.
Mon père discute avec Stephane Salerno qui s'occupe des ravitos de Niko D.
Gastigarlepoa - Col d'ispegy : 11,3km 1000md+ (2h01)
Je repars avec Nerea
devant, je la double et met ma goretex, je
ne la quitterai plus jusqu’à l’arrivée, quelques spectateurs sympas dans la
montée d’Iparla (1044m), le brouillard commence, ça cause pas dans la montée,
tout le monde va vite.
Je suis bien à la
sortie du goulet, à une bifurque je suis une piste, personne devant moi, puis
un duo d’espagnol courent en sens inverse, ils me font signe de faire demi
tour, on a raté la bifurque mal balisée, en remontant je peux voir 10 coureurs
me passer, les boules, je force mon allure pour retrouver ma place je croise
ainsi Florent et redouble Nerea.

Je suis toujours bien
et déjà on descend sur Ispeguy, les spectateurs nous applaudissent, c’est
sympa, mon père est là, on est d’accord pour dire que ça va trop vite, j’ai
déjà 1 heure d’avance sur mes prévisions. Après 30km et 2200md+, je suis 22ème
à 38min du 1er et 11min de Txomin.
![]() |
toutes les photos ont été prises en Suisse, c'est pour illustrer non je déconne elles sont du samedi dans un secteur voisin de la course |
Col d'ispegy – Aldudes :
14km et 800md+ (2h08)
Florent repart devant
moi suivi de Nerea, je les dépasse. Ensuite, plus tard, je ne sais plus trop
quand, deux coureurs me doublent Marc et son pote, je trouve le parcours
nettement moins intéressant, la pluie tombe toujours, la descente présente
quelques parties sympa plus techniques dans les sous bois, je me prends une
belle gamelle, galipette au sol, bosse sur la tête et trou dans la goretex, la
voilà baptisée…
Ils sont tous là,
c’est cool, je pointe, le classement n’est pas clair, car la liste donne les
solos + les duos, les bénévoles doivent identifier le nombre d’équipes pour
ensuite faire une soustraction et me donner le classement réel, je n’ai pas le
temps d’attendre et file éparpiller ma veste, mon sac pour que Céline me
remplisse la poche et me file ma bouffe, ça me fait du bien de leur parler.
Les coureurs sont
toujours à bloc et je cours seul, personne avec qui faire la course, c’est trop
roulant, ça commence à me saouler, trop rapide et pas d’ambiance
« ultra » pour le moment, sauf avec mon équipe qui est à fond. Je
demande un café, un long moment à attendre, ma mère me donne des bananes, Tiago
me demande s’il peut prendre un morceau d’orange pour faire une bouche de
monstre sans dent.
J’arrive à boire un
bon thé, le café fini par arriver il est trop chaud, pas le temps d’attendre qu’il
refroidisse, les autres coureurs arrivent ou sont déjà repartis, les quelques
spectateurs-suiveurs applaudissent c’est très sympa. On se donne rendez vous
avec Céline à Urkiaga, je suis bien remonté maintenant !
Déjà 45km, 3300md+ je
suis 19ème et ai repris du terrain sur Txomin qui est à 8min devant.
J’ai 1h08 d’avance sur mes prévisions du coup de la marge pour les ravitos.
Aldudes - Urkiaga (ESP) : 14km et 1000md+ (2h18)
Ca repart par la
route, 5 coureurs me suivent dont des duos, la route monte j’alterne petits
trots et marche et j’arrive à les tenir à distance jusqu’à une partie plus
raide, il pleut moins ou plus, ça grimpe assez bien au début, puis ensuite
c’est des pistes, je n’arrive pas à déterminer le sommet de la bosse, la pluie
tombe à nouveau, le parcours est moyen sur ces pistes.
La descente en sous
bois est plus sympa, mais ça reste très roulant, faut rien lâcher pour garder
la place, je ne sais pas trop d’ailleurs à quelle place je suis, mon portable
est passé en mode avion tout seul, je suis en Espagne et je ne sais plus comment
le remettre en mode normal. Heureusement ma sœur et mon frère font leur max
pour informer mon équipe des écarts et de mon classement.
J’arrive à bloc au col
d’Urkiaga, je découvre Nerea devant moi, elle était donc repartie avant moi
d’Aduldes, ça rigole pas des masses, le rythme de la course est soutenu,
surtout sur les ravitos, j’ai l’impression d’être sur un stand de formule 1,
tout se fait à fond. Céline est là, seule, on échange quelques mots, elle me
soutient à fond, heureusement qu’elle est là, je commence à en avoir marre de
l’ambiance coureur.
Mon lecteur Mp3 n'a pas tenu, pourtant il devait durer 70h. Au ravito je branche le chargeur ça tiendra jusqu'à la fin de la course.
Mon lecteur Mp3 n'a pas tenu, pourtant il devait durer 70h. Au ravito je branche le chargeur ça tiendra jusqu'à la fin de la course.
Sans en avoir la
sensation, j’avance encore assez vite, 60ème km (4000md+) je suis
désormais 13ème, 1h17 d’avance sur mes prévisions. Txomin avance
fort et creuse l’écart, il est à plus de 13min, décidément je ne vais pas
pouvoir le revoir comme ce fut le cas à l’Echappée Belle, Céline et mes parents
l’ont vu, il est en forme avec ses longues jambes il fait des pas de géants,
moi je mouline en comparaison.
Urkiaga (ESP) – Urepel :
13,6km et 800md+ (2h14)
Regonflé à bloc, je
repars sans la goretex mais je la remets vite il pleut sévère en montant à
l’Adi (1457m), je viens de doubler Nerea, elle met aussi sa veste, deux
coureurs la suivent, devant moi, personne en vue, sauf le brouillard et la
pluie qui tombe à l’horizontale, la capuche me protège un peu, mais les mains
sont glacées, je crois voir de la neige. Manuel le Vendéen me dira qu’il aura
pris à cet endroit de la grêle.
Dans la descente, bien
raide, je ralenti pour limiter la casse, Nerea profite d’un de mes arrêts pipi
pour me dépasser, elle reste à 200m devant moi, je suis relax, j’écoute
« on va se gêner » parfois des comptines pour enfant passe (gardée du
du temps où Tiago était bébé), c’est un grand bazard dans mon lecteur mp3, j’ai
oublié de me faire un répertoire spécial ultra-course-F1, donc autant dire je
suis loin de l’ambiance warrior, ça me permet de me relâcher et de faire passer
les kilomètres.
On fini par sortir du
brouillard quand un coureur nous gueule dessus, je me retourne, on a raté la
bifurque, Nerea qui gueulait déjà en tombant dans la descente, là j’image sa
colère, moi je n’ai pas trop à remonter pour rattraper les deux coureurs, il
s’agit de Marc et son pote.
Je les suis jusqu’à
Urepel, pressé d’arriver, ras le bol du mauvais temps j’arrive à la base de vie
toujours quelques personnes bien sympathiques applaudissent les coureurs sous
la pluie. On rentre vite dans le bâtiment pour me changer, au pointage je n’ai
pas mon classement, mes parents et Céline me le donne mais je n’arrive pas à
percuter (14ème), je retiens que Txomin est à 17min (merci kikine
pour le suivi live). 72km 4800md+ 1h23 d’avance sur mes prévisions.
L’ambiance course me
déplait, personne ne se parle au ravito, tout le monde est à fond, j’en ai
marre, mais pour le reste je suis en forme et arrive à m’alimenter hyper bien,
c’est la motiv qui baisse, je passe un bon moment avec mon équipe ça me fait du
bien, je ne prends quasi rien au ravito, pas envie d’attendre le plat chaud,
car je vois les coureurs repartir et arriver sans arrêt ça me met la pression
pour repartir au plus vite. En sortant de la salle je croise à nouveau Florent
on se fait signe, cool.
Je repars avec des
chaussures et chaussettes sèches et un haut plus chaud et sec, dans le sac j’ai
ajouté un collant au cas où le froid arrive, mon arrêt n’est pas trop long,
18min41s, Niko Le Lémurien (vainqueur) aura fait un arrêt de 17min, Txomin
25min10s et Nerea 9min44s. Je suis en sortant d’Urepel 13ème.
En repartant au
pointage de sortie, je demande si je suis toujours 30ème (juste pour
voir la réaction), on me le confirme…
Urepel - Roncevaux (ESP) :
16,2km et 1000md+ (2h28)
J’ai un peu les boules
de repartir aussi vite, mon cuissard est gelé, il pleut un peu, un coureur est
devant moi à 2 ou 3min, j’hésite dans les dernières maisons à me mettre à
l’abri pour mettre mon collant sec, mais je ne trouve pas d’abri, alors je
poursuis, dans la première montée après la route, mes muscles sont à nouveau
chauds, je n’ai plus la sensation de froid sur les jambes, personne semble me
suivre à vue et le mec devant n’ai plus visible.
Je découvre le terrain
une nouvelle fois, c’est un chemin large qui chemine dans une jolie forêt, je
croise deux vaches et passe très près des pates arrières, « un coup de
pied et je serai pulvérisé et réduit en miette » donc je marche cool pour
ne pas les effrayer.
Un moment j’aperçois
le fond de la vallée, très jolie et aussi bien escarpée, « est ce que l’on
passe la dedans ? », j’ai la réponse au fur et à mesure des
kilomètres, non l’itinéraire contourne par la droite, je fini par sortir de la
forêt et atteindre les prairies dans le brouillard, déjà 6km depuis Urepel, un
4 x 4 et deux bénévoles insistent pour savoir si je suis sûr de continuer car
je leur dit que j’en ai marre, toujours personne en vue, je leur demande à
combien se situe le Col de Los 2 Puentes, mon accent espagnol est bien pourri
et inapproprié au Pays Basque, bilan on se comprend pas alors je fini de
franchir la clôture pour prendre pied sur une piste qui me mènera à Roncevaux
sur quasi 10km, sans que je ne puisse identifier le fameux col.
Toujours pas vu le Jabby sur son vtt ni the JMB's Family.
Toujours pas vu le Jabby sur son vtt ni the JMB's Family.
C’est roulant plein de
flaques d’eau, pas une partie très fun, sur la fin je rattrape un coureur, il
marche et semble fatigué, je l’interpelle car après 2h20 sans voir personne
j’avais bien besoin d’échanger 2 mots sous cette pluie, mais quand je lui
demande comment ça va, il me regarde sévèrement, pas bien content, sûrement
dans le dur, ténébreux… caractère bien trempé comme mes chaussettes. Je ne
traîne pas et déjà je vois Nerea et un autre coureur devant à 200m, cool un peu
de motiv, moi qui avait le sentiment de me trainer finalement j’avance bien.
Je rentre dans le
bâtiment bien chauffé, Céline me bichonne, un peu de douceur dans ce monde de
bruts, ça fait pas de mal, au contraire.
Je suis 12ème
en solo (je n’arrive pas à le calculer) et 18ème au général (avec
les duos ; seul classement accessible). Là encore j’explique à Céline mon
ras le bol, la météo, le parcours avant Roncevaux pas top et toujours pas de
contact autre que Florent, ça me gonfle pas mal. Elle me remotive, je suis toujours
à 17min de Txomin. Je me change pour plus de chaleur, mets ma frontale en
prévision de la nuit, je repars sous la pluie vers 19h, à peine sortie de la
place, je pisse une fois de plus, je dois trop boire.
Déjà 89km et 5700md+
il me reste 54min d’avance sur mes prévisions.
Roncevaux (ESP) – Arneguy :
18,5km et 700md+ (3h09)
Je sais que Nerea est
repartie devant moi et quand je suis arrivé trois coureurs repartaient groupés,
si je marche toujours aussi bien en montée, j’ai l’espoir de les reprendre.
Bien motivé et au
chaud, j’ai les jambes molles, comme si l’absence de compression me provoquait
une sorte de relâchement, bizarre, j’avance à grands pas au son de Ruquier
histoire de rigoler un peu et de me détendre, je croise sur ce chemin de
Compostelle, les pèlerins qui sont dans un drôle d’état, leurs énormes
chaussures et leurs sacs les font souffrir. En sortant de la forêt, de nouveau
du brouillard et encore une piste détrempée, un 4 x 4 me double et m’interpelle
sur mon état, je le rassure.
Je n’ai pas réussi à
rattraper les autres avant Aste Bizkar (91km), quand un coureur me fait
sursauter, c’est Florent qui a fait une grosse remontée, il avait 17min de
retard en sortant d’Urepel, il me dit avoir retrouvé ses jambes, on court
ensemble quelques minutes, puis dans la descente il me devance, je ne le
reverrai plus.
De mon côté, ça part
mal, une tendinite aux releveurs gauche commence à me faire mal. Pour éviter
d’appuyer sur mes ampoules, j’ai un mauvais mouvement. J’amorti tout en talon,
ce sont les quadri qui amortissent toutes les descentes, ça fini de les
flinguer, et je ne déroule pas correctement le pied, toujours pour éviter
l’appui sur les ampoules aux doigts de pied je lève d’abord l’avant du pied au
lieu de lever le talon.
La descente après une
partie bien raide, finie sur la route avec quelques remontées, personne ne me
suit de visus et Florent n’est pas visible, il voulait arriver avant la nuit,
pour ma part ces quelques km de route achève mon moral, dans la douleur,
j’arrive bien entamé à Arnéguy, les spectateurs m’encouragent encore une fois
ça fait du bien, je retrouve enfin mon équipe, j’ai envie d’arrêter là, déjà
107km et 6500md+ dans les pates, plus que 16min d’avance sur mes prévisions.
La tendinite
m’inquiète, je sais que je ne peux plus jouer à rattraper les autres, je vais
surement subir la fin du parcours. Je suis 14ème mais je n’arrive
toujours pas à l’intégrer à cause du calcul qu’il faut réaliser, car on
m’annonce au pointage 20ème, ce qui ne m’encourage pas à me battre.
Je traine peut être un peu trop dans la salle, à discuter et me plaindre.
Mais bon ça me fait
trop chier d’abandonner même si je n’ai plus trop de plaisir, je veux finir,
les sensations pourraient revenir, en partant je me plante en pensant qu’il me
reste 19km de montée et 3km de descente, c’est en réalité 11km de montée.
Arneguy – Ehuntzaroy :
11km et 800md+ (2h20)
Je repars dans la
nuit, mon équipe est là, ils ont été au top toute la course, toujours présent
et toujours motivés et aux petits soins, je peux rien avoir de mieux, alors
merde faut finir cette course, on a pas fait toutes ces bornes pour rien, j’ai
pas le droit d’abandonner sur un coup de moins bien, faut y aller, 22km et
1000md+, ce n’est pas si énorme que ça !!
Alors feu, j’avance
sur mes ampoules de pied qui ont au moins le mérite de me maintenir éveiller, 6
doigts de pied avec une
sensation de punaises enfoncées dans la chair, et une
de plus de plantée dans le début de la voute plantaire qui fait un peu plus mal
que les autres…
C’est aussi le moment
d’arrêter d’écouter « un, deux, trois, trois petits chats » ou
« un petit canard au bord de l’eau » ou
les blagues de Bénichou, je
passe en mode Zic à juju, faut que je me booste, j’avance, pas à pas et me fais
doubler par deux coureurs, je les interrogent sur la suite c’est là que
j’apprends que c’est 11km de montée, ça me rassure, par contre je n’arrive pas
à marcher aussi vite qu’eux.
En sortant de la
forêt, les frontales se retournent, j’ai l’impression que 3 coureurs partent à
droite sur la crête me laissant deviner une montée, le balisage lui m’emmène à
gauche, j’ai un doute, ont ils pris une coupe ? Je n’en sais rien, mais
j’avance encore et encore, les deux qui m’ont doublé m’ont permis finalement de
rattraper 2 coureurs, je les retrouves au ravito de Ehuntzaroy, il est 00h30.
Je suis encore 14ème avec 3 petites minutes d’avance sur mes
prévisions. 117ème km et 7400md+.
Les bénévoles me
proposent du whisky, ça détend l’atmosphère, je refuse sous peine de coma, je
déconne sur le beau temps, il y a 3 coureurs assis j’interpelle Marc en le
remerciant pour le cri qu’il a poussé dans la descente d’Adi au 65ème
km (vers 15h), on discute un peu, enfin une ambiance « ultra ». Je
leur dis qu’ils doivent être bien classés en duo, mais il me répond qu’ils sont
en solo avec son pote et courent ensemble. Les bénévoles nous indiquent qu’il
reste 13km dont 7km jusqu’au dernier ravito d’Adarza.
Ehuntzaroy – Aharza :
6,2km 300md+ (1h34)
![]() |
mais oui on a vu que tu avais raison... |
Avant d’arriver sur ces
bénévoles, je rattrape les 3 coureurs, seul Marc est en forme, on fini tous les
deux, son pote décroche ainsi que l’autre coureur.
Peu après avoir croisé
ces fameux bénévoles, bien courageux d’être si précairement installés dans le
noir, j’entame une descente raide et glissante, je glisse sur le cul pendant
que ma 1ère batterie me lâche, elle aura bien tenue 3h au lieu de
7h, je la remplace, Marc me double, il est plus à l’aise en descente raide.
Personne nous suit
après quelques km, on croise encore des bénévoles et je fini par retrouver Marc
au dernier ravito après 6,2km, mon gps prenant un point par minute à tendance à
réduire les distances, mais je ne vais pas m’en plaindre.
On est content de se
revoir, je lui tape la main pour lui dire que c’est tout bon on va la finir
cette course, il me demande si j’ai vu son pote, je lui ai dit qu’il avait le
masque quand je l’ai dépassé, les bénévoles sont bien tranquilles, pas énervés,
ils me versent un verre de leur café.
24min de retard…
J’invite Marc à finir et
repartir avec moi, il est ok, on est content car les bénévoles nous indiquent qu’il
reste seulement 5km toujours un petit peu plus court. Marc connaît le terrain,
il me dit qu’on va avoir 1,5km à niveau, puis ce sera la descente.
Je lui confie vouloir
arrêter les ultras, ras le bol de ces tendinites systématiques, elle ne me
croit pas et me prend en charge, je suis déjà complètement crispé
musculairement et le froid me saisi, mes ampoules au pied éclairent la
route !
Niko le Lémurien gagne
en 17h21, Txomin fini 7ème en 20h24, Nerea 10ème en 20h46
et Florent 13ème en 21h31.
![]() |
Apocalypse piépabô |
A Arneguy la somme de
tout ça me fait prendre une nouvelle pause longue qui me coute 3 places, la
course toujours la course, faut pas se relâcher. Mon esprit est déjà dans les
prochaines courses, je n’ai pas envie de trop forcer sur la tendinite pour
compromettre la suite et suis bien dégouté d’avoir eu une nouvelle fois une
tendinite au releveur, je pense avoir compris pourquoi, faut trouver une
solution pour les prochaines courses.
Je commence à
comprendre que 130km ça se court comme 30km, pas à la même allure, mais y a pas
de temps à perdre, mes parents et Céline me font un super retour sur ce qu’ils
ont vu des premiers concurrents. Ils ont assuré comme des boss, ravitos aux
petits oignons, très efficaces et toujours réconfortants, le relais avec le suivi live a été nickel,
faut juste que j’apprenne à compter et à retenir les chiffres.
Niveau bouffe, pas de
souci tout est bien passé, j’ai peut être trop bu (9,8litres).
L’entrainement
conséquent depuis janvier, fait que je commence à intégrer le fait que courir
130km avec 8000md+ ça fatigue mais que désormais la question n’est plus savoir
si je vais finir, mais de savoir comment faire pour pouvoir relancer toute la
course. C’est un peu barge quand j’y pense…
3 compétitions en 2
semaines ça été bon pour me rassurer mais j’ai peut être manqué de niaque sur
l’Euskal trail.
Samedi matin vers 8h je me lève, mon portable me semble moins compliqué je peux enfin le remettre en mode normal et reçoit tous les messages, près de 50 sms... merci même après ça fait plaisir.
Samedi matin vers 8h je me lève, mon portable me semble moins compliqué je peux enfin le remettre en mode normal et reçoit tous les messages, près de 50 sms... merci même après ça fait plaisir.
Commentaires
Enregistrer un commentaire