Restonica
Arrivés le jeudi, Tiago
bien content de rater 2 jours d'école sans cartable, on est assez
bien rodé, 5ème année consécutive que nous venons en
Corse.
Terrain de jeu idéal
pour profiter de la montagne et de la mer, météo stable mais chaude
mais belle mais chaude, mais belle…
C'est donc le 6 juillet
que l'on prend nos quartiers à Corte, sur l'aire de St Pancrace,
située à 2km du départ, loin de la foule de la Restonica, ici le
calme règne, nos nouveaux voisins sont peu content de nous voir nous
installer aussi près mais voilà l'ombre vaut de l'or ici alors ils
devront s'accommoder ou bouger leur van…
Les petits chats ont
grandi et viennent toujours réclamer à bouffer, pfff… manque plus
qu'un babyfoot pour ces félins… sinon les fourmis sont redoutables
et les moustiques assoiffées de sang gorgé de glucides, la recharge
se poursuivra à la plage d'Aléria…
Depuis mon urticaire qui
m'a mis l'espace d'une heure dans la peau d'un batracien, je ne suis
pas au mieux, fatigué, le lundi précédent j'ai hésité à
retourner voir le toubib pour me faire une excuse pour la Restonica…
Le programme de Julien
n'a pas été respecté, j'ai aussi trop voulu me vider la tête en
évacuant un max de boulot avant de partir, bilan je suis rincé, le
cardio ne monte plus, les jambes ne veulent plus se faire défoncer
en descente, ma motivation est allongée dans un hamac je ne sais où,
le système nerveux refuse d'impulser… la confiance négocie avec
l'objectif pour revoir les ambitions à la baisse et si juste finir
cette fois-ci serait le mieux à espérer…sûrement, ma fraicheur
est restée sur le continent dans le congèle, elle attend octobre
pour ressortir son pif.
Voilà donc, je sais par
avance, que c'est mort, mon petit tableau de marche où est inscrit
les temps de passages 2015 et ceux espérés avec ma cote Itra de mes
meilleurs jours devrait me permettre de faire un bilan de la
situation, je ne suis plus dedans, déjà en position d'observateur
et spectateur des autres coureurs, faut dire cette année le plateau
est garni.
La veille en allant me
raser la gueule pour limiter la surchauffe je croise aux toilettes
Michel Lanne, avion de chasse du team Salomon, reste à savoir quelle
course, il fera !
Dans la nuit, je file
voir le départ de l'ultra di Corsica, les coureurs ont sur leurs
visages l'expression de la détermination et de l'appréhension.
Florent est là, prêt à y aller. On discute, je croise aussi les
coureurs de l'UMNT, c'est sympa, je devine ce qu'ils ont dans la
caboche. Le départ me donne des frissons, y a pas à chier,
s'aligner sur un ultra, ça a le charme de l'incertitude, que n'ont
pas les courses plus courtes, c'est cela qui me manque le plus,
douter, s'adapter, tenir et parfois voler, planer, faire partie du
chemin…
Samedi 4h, je sors de la
tente et file me préparer, les compeeds posés dans mes doigts de
pieds de bébé, le sport dèj dans le gosier, je pars puis reviens
chercher une bouteille de 500, erreur à ne pas commettre.
En repartant, un autre
coureur sort avec moi, Michel Lanne, très sympa, la course est pour
lui, ça paraît évident, je lui décris le parcours et déjà on
arrive à Corte.
Bien placé sous l'arche,
les têtes d'affiche arrivent pour se placer à côté de Michel
Lanne, Ronan Moalic et la team Vibram, Stephane Brogniart, Thomas St
Girons, etc etc… je vais pouvoir les observer sur la première
montée.
Le départ est donné à
5h, sans stress, je file pendant 45min proche de la tête de course,
ils ne sont pas si loin pour certains, Brogniart, St Girons et Ronan
me doublent rapidement. Je guenille avec mes bâtons qui sont chiants
à tendre (cordelette).
Les sensations d'abord
bonnes commencent déjà à décliner, vertiges, pas de jus. La 1ère
féminine n'est pas loin, je sais que pour finir dans les 10 premiers
il me faudrait pouvoir la suivre.
L'arche de Corte se cache
une fois de plus, dans la nuit finissant je n'arrive toujours pas à
l'observer, même si je suis déjà passé 4 fois par ici avec un
numéro sur le bide…
Aux bergeries de Padule
on sort de la forêt il fait moins chaud, pointé après 1h24 comme
en 2015, Michel Lanne est passé en 1h08. Je suis 22ème,
mon temps espéré était 1h15 correspond au chrono de Stephane
Brogniart (3ème ici). Trop ambitieux. Déjà en dedans,
me reste à laisser venir les sensations sans trop forcer, pas de
jus, me manque un peu de tout…
Je repars avec 500ml et
file vers, le second ravito, un coureur me parle de l'Echappée Belle
qu'il a fait et de son projet d'enquiller le GR20 après le
Restonica.
Le chemin pour rejoindre
le second ravito n'est pas spécialement compliqué, dès la première
descente je constate que je suis incapable d'attaquer alors que
c'était mon point fort sur les premières courses cette année.
C'est bien la misère, on me double allégrement, pas dans le bon
tempo. Arrivé après 2h17, 30ème, étape de 53min soit
le 36ème temps. 1min de plus qu'en 2015. Michel Lanne est
passé en 1h48. Chrono envisagé 2h01 (3ème temps), pas
du tout réaliste.
Devant, 6 coureurs
abandonneront durant la course et 7 finirons après moi.
1 litre et reprise du
chemin, les 3 premières féminines sont déjà devant moi, elles
attaquent fort pour la victoire. Le chemin jusqu'au lac Ninu est un
peu en montagnes russes, les bâtons sont plus ou moins utiles, mon
efficacité se dégrade un peu plus, la chaleur commence à faire son
travail de sape.
En passant le dernier
petit col, le plateau du lac Ninu apparaît, on doit faire un tour
anti-horaire pour rejoindre le 3ème ravito (27km
2118md+). Cela me permet de voir Stephane Brogniart, l'écart est de
moins de 30min. Pointé en 4h30 (4min de plus qu'en 2015), 24ème,
déjà 58min de retard sur Michel Lanne. 2h13 entre les ravitos 2 et
3 (23ème chrono).
Un coureur est assis,
équipé d'une ceinture porte bidon et donc de seulement 500ml d'eau,
il est desséché. Je lui conseil de prendre 1,5 litres et qu'il y a
2 refuges avant le ravito 4.
Il y a un petit vent qui
permet de limiter la chaleur, je file sur ma partie préférée, la
vue est bien dégagée et permet de voir la suite et de repérer les
autres coureurs. Je suis assez bien jusqu'à Bocca al Porte, la
chaleur tape fort dans cette montée, heureusement des randonneurs
m'ont indiqué une source qui m'a permis de me refaire.
En montée ici, ça va
assez bien, la 2nde féminine coince un peu devant moi.
Passé le col, on voit les fameux lacs Capitellu et Mélu. Une
nouvelle fois, la descente est catastrophique, je me traine comme une
limace sur le rocher surchauffé, inefficace et crispé inutilement
(mes chaussures ?), je perds des places.
A Soglia, pointé 21ème
en 6h39. Toujours 3min de plus qu'en 2015. Je n'ai pas envie de
batailler pour rentrer dans les 15 premiers. 2h09 pour faire l'étape
entre les ravitos 3 et 4 (17ème temps). 3min de moins
qu'en 2015, je ne m'en rends pas compte, les sensations ne sont pas
bonnes en descente.
Je repars pour Grotelle
avec un coureur devant moi que je ne pourrais pas rattraper, mon
allure est modérée, des douleurs aux pieds gauche et en manque de
confiance, je subis et décide de laisser couler, de lever la tête
et de profiter des paysages pour relâcher les tensions.
Grotelle est atteint en
46min (34ème chrono qui confirme ma piètre efficacité
en descente) après 7h25 (5min de plus qu'en 2015). Ici ça cogne, je
ne sais pas ou plus que je suis 21ème. En surchauffe, on
est dans le secteur le plus chaud de la course. Les bénévoles sont
une nouvelle fois ou top ici, très attentifs, on me masse rapidement
les jambes pendant que j'avale des morceaux de bananes.
Après 42km et 2800md+,
la suite commence par une courte partie en bitume, on doit être à
plus de 40°c au soleil (Florent aura relevé 42°C), ça assomme les
envies de vitesse…puis on s'échappe dans un sentier en rive gauche
de la Restonica qui ne finit pas de monter-descendre.
Enfin après 5km on
entame la dernière montée, redoutable avec la chaleur, en versant
sud, ça dessèche la longueur de mes pas…
En manque d'eau, une
source indiquée par des randonneurs me redonne un peu de carburant
pour poursuivre cette pénible ascension. A droite dans la partie
finale, deux cadavres de vaches avec la peau tendue par le soleil,
confirme la force de l'astre solaire… faut s'échapper.
J'arrive au plateau
d'Alzu, après 1h58 (18ème chrono, toujours mieux en
montée) sans avoir vu le moindre dossard, déjà 9h23 de course,
Michel Lanne a gagné la course il y a 49min… je suis sans le
savoir 20ème (je ne demande pas mon classement).
Je repars avec un coureur
parti 5min avant moi, la descente finale ne me fait plus le même
effet, cette fois-ci je l'apprécie, elle est longue et difficile, je
laisse filer le temps et observe les bassins avec une foulée de
sénateur. On m'a dit que j'avais le temps de rejoindre le point
d'eau du 57ème km avant qu'il ne soit supprimé (en place
pour l'autre course). Celui-ci me permet de refaire le plein et de me
rafraichir, ça cogne fort.
2km plus loin, à 5km de
l'arrivé, Thomas St Girons me double, surpris de le voir ici je le
pensais avoir une plus grande avance, après coup c'est ici que je
perds le podium V1. Dommage que je n'ai pas plus prêté attention à
ce classement.
Peu avant Corte, une
dernière source me permet de boire 2 gorgées, à 1km de l'arrivée
un coureur de la petite course fait un malaise, il est porté par
d'autres participants. Les fourmillements dans les mains, les
vertiges m'avertissent d'un début d'hyperthermie, je fini en
cherchant l'ombre dans les ruelles de Corte, je prends le temps de
m'arrêter à une fontaine avant de franchir l'arrivée 500m plus
loin.
64km 4060md+, 11h31
(26min de plus qu'en 2015), 19ème 4ème V1. A
côte St Girons fait trempette dans une fontaine. 2h08 sur cette
dernière étape, 31ème chrono confirmant ma difficulté
en descente.
Discussion sous la tente
avec Ronan Moalic qui fera l'Echappée Belle.
4 barres, 4 gels, doses
pour 10 litres de boisson et bananes sur les ravitos, pissé un verre de pastis sans eau
. T-shirt et
short de merde qui m'ont cette fois-ci provoqué des irritations
douloureuses, ampoules talons et petits doigts pied, ongles cassés.
Assez décevant mais sans
surprise, vu l'état avant le départ. Cela s'explique par un
cocktail de diverses fatigues (allergies ou virus à J-7, épuisement
nerveux, les bpm qui restent bas à l'effort,…).
Le
reste des vacances, 2 autres sorties en Corse dont une avec un risque
incendie pour rentrer à la voiture, puis les Landes dont la
platitude est plus que démotivante pour courir surtout avec un début
de périostite antérieur gauche, seule la Rhune peut servir de
terrain de jeu pour multiplier les AR avec D+, heureusement il y les
vagues pour se faire déboiter à la place du vélo et oublier la
panne de voiture…
Le programme depuis 1
mois n'est pas respecté, pas de jus, manque de montagne, le doute
pour la traversée Nord de l'Echappée Belle commence à prendre pied
(85km et 6000md+), il se développe, je suis hors sujet ces derniers
jours…
Difficile de ne pas y
arriver sur des distances plus courtes que ces dernières années,
manque de fraicheur, le seul challenge est d'aller vite, compliqué
en ce moment.
Je suis loin d'être
affuté pour ce qui se profile, encore 26 jours pour faire bonne
figure.
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